La bipolarité est un trouble très présent dans notre société. Comment le reconnaître et quels sont les traitements : analyse avec le Docteur Gillain, psychiatre et chef de service de psychiatrie à la clinique Saint-Pierre d’Ottignies et président de la société royale de médecine mentale.
La bipolarité est-elle une maladie ?
Pour parler de "maladie", il faut pouvoir prouver l’origine du problème. En psychiatrie, on possède rarement cette preuve, on parle donc de trouble explique le Docteur Gillain. Dans le cas présent, on peut même parler de troubles bipolaires au pluriel car il en existe plusieurs.
Appelée autrefois "psychose maniacodépressive", la bipolarité se retrouve dans toutes les couches de la population. Elle apparaît souvent chez les jeunes adultes et continue à se développer au fil du temps.
Comment reconnaître les troubles bipolaires ?
Les troubles bipolaires concernent l’humeur et ses variations. Bien que l’humeur varie chez tout le monde, pour le patient atteint de troubles bipolaire, elle va osciller vers les extrêmes, de la souffrance à l’exaltation avec une large prédominance de la douleur.
Les épisodes douloureux correspondent à la phase dépressive du trouble bipolaire, tandis que les phases de joie et d’exaltation poussées à l’extrême correspondent à la phase maniaque.
La particularité de cette dérégulation de l’humeur est qu’elle vient de l’intérieur, indépendamment d’événements extérieurs, de la conscience ou de la volonté du patient. Le Docteur Gillain note cependant que, souvent, des événements de vie avec forte intensité émotionnelle peuvent être un élément déclencheur du trouble bien qu’il n’y ait pas toujours de moment détonateur à l’origine.
Lorsque l’on est atteint de troubles bipolaires, des événements heureux peuvent déclencher un état dépressif et à l’inverse, des événements déclencheurs tristes ou malheureux peuvent conduire à un état maniaque.
Selon des études réalisées sur de grands groupes de patients, la personne est symptomatique 50% du temps, et est donc "normale" 50% du temps. Lors des périodes symptomatiques, les phases dépressives sont présentes 80-90% du temps, contre 10% pour les phases d’exaltations.
Les phases d’exaltation sont plus particulièrement difficiles à vivre pour les proches, le patient, lui, se sent tout puissant, très heureux. Ces phases peuvent conduire jusqu’à des états psychotiques et à une déconnexion totale de la réalité.