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Comment lire le bulletin de son enfant ?

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Par RTBF La Première via

C’est la période des bulletins, avec ses bonnes et ses mauvaises notes. Comment réagir au mieux face à notre enfant ? Tout dépend de la façon dont on va lire ce fameux bulletin ! Les explications de Bruno Humbeeck, psychopédagogue à l’UMons.

Si on lit le bulletin comme une fiche de paie, c’est évidemment catastrophique : on a l’impression qu’il reflète le mérite de l’enfant. Il ne s’agit pas non plus de le lire comme un baromètre d’intelligence ou un certificat d’aptitude. C’est juste un bilan d’évaluation de connaissances. Si l’enfant est humilié ou doit faire l’étalage de ses fautes, le bulletin devient un moment terriblement contre-productif, qui ne permet pas de comprendre ce qu’est une évaluation.

Des intelligences différentes

Il existe de multiples formes d’intelligences. Lire le bulletin comme le font trop souvent les parents, à savoir comme une forme de baromètre de l’intelligence, demanderait qu’il ait un spectre plus étendu et qu’il évalue les compétences telles qu’elles se construisent dans tous les domaines.

Le jeune enfant ne comprend pas encore ce qu’il y a sur son bulletin, mais il comprend très vite la tête que fait son parent. Sa mine déconfite donne à penser à l’enfant qu’il n’est pas suffisamment intelligent pour réussir ses études. "C’est catastrophique et c’est surtout très mal comprendre ce à quoi peuvent servir les évaluations", souligne Bruno Humbeeck.

On peut toujours retourner ce qui est perçu comme des défauts comme étant le début de nouvelles qualités. C’est ça qu’on doit pouvoir faire quand on lit un bulletin avec son enfant. Et on ne doit pas le lire devant lui, face à lui, mais on doit le lire avec lui.

"On va apprendre à vérifier les domaines dans lesquels tu as besoin d’être soutenu et ceux dans lesquels tu fais ton chemin tranquillement tout seul" poursuit le psychopédagogue. Cela sert à ça un bulletin, c’est juste quelque chose de l’ordre de la fiche de route, qui permet d’orienter vers telle ou telle forme d’accompagnement."

Le gros problème, c’est que les parents se focalisent sur les notes en maths ou en français comme étant les notes qui vont qualifier l’intelligence de leur enfant.

L’orientation par l’échec, à éviter !

Le principe du CEB n’est pas de dire qu’un certain nombre d’élèves n’est pas capable de passer et doit être éliminé. Le principe du CEB, quand il est bien compris, ce n’est pas l’art d’éliminer, mais l’art de conduire tout le monde vers un niveau de réalisation qui correspond à ce qu’il peut faire.

Mais quand on fait passer les examens pour des combats, il ne faut pas s’étonner que les enfants déclarent la capitulation, explique Bruno Humbeeck. Or, ce n’est pas un combat, c’est juste un défi que l’on pose à soi-même pour évoluer le mieux possible.

Ce qui est important, c’est qu’un bulletin ne soit jamais, quel que soit le nombre d’échecs, vécu comme décourageant. Parce que les échecs, ce sont des erreurs qu’on doit se donner les moyens de comprendre.

Une évaluation sérieuse, par nature, ne doit pas être vécue comme disqualifiante. Les examens ne doivent pas être des épreuves sélectives. L’orientation par l’échec, c’est la dégradation. Les bulletins ne doivent pas être envisagés comme un échec mais comme la possibilité d’essayer autre chose.

L’orientation positive

Une orientation doit toujours être positive dans un parcours scolaire. C’est le cas notamment pour l’enseignement qualifiant, qui ne doit pas être vécu comme quelque chose qui fait dégringoler, explique Bruno Humbeeck.

"Ton rapport au savoir sera beaucoup plus confortable pour toi si tu travailles en essayant de faire des déductions à partir de ce que tu réalises, c’est-à-dire l’enseignement technique. Et ça va encore mieux se passer si tu agis directement dans le monde : l’enseignement professionnel."

Ce sont des orientations positives qui sont liées à une façon de lire le bulletin qui n’est pas "tu n’es pas capable", mais "tu as d’autres aptitudes et ces aptitudes vont se révéler autrement".

Les commentaires non productifs

Certains commentaires des professeurs sont humiliants, certaines phrases découragent plutôt qu’elles n’encouragent. "C’est parfois paradoxal, parce que c’est plein de bonnes intentions", observe Bruno Humbeeck.

C’est le cas notamment du fameux 'peut mieux faire', qui veut dire : tu es capable de faire mieux. Mais quand l’enfant a eu l’impression de donner le maximum, s’entendre dire qu’il peut mieux faire est tout à fait contre-productif.

Les commentaires n’ont pas beaucoup d’intérêt. Ce qui serait beaucoup plus intéressant, c’est de demander le commentaire de l’élève. Qu’est-ce que toi, tu penses de ta performance ? Comment vis-tu les choses ?

Parce qu’un 4/10 en maths peut être un triomphe pour certains, qui pensaient qu’ils ne connaissaient rien !

"Ensemble, on se donne les moyens de repérer ce que l’enfant connaît. Dès qu’on commence à additionner, on est dans des bilans de connaissances, qui peuvent toujours être lus de façon positive. Il faut toujours éviter le 0, qui est un chiffre épouvantable et qui ne veut rien dire."

Retrouvez Bruno Humbeeck ici

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