C’est la base de l’authentification d’un document. En juin, Amnesty international a d’ailleurs lancé une plateforme, Citizen Evidence Lab, qui permet à n’importe quel citoyen de faire une partie de ces démarches pour vérifier l’authenticité d’une vidéo. Ces méthodes ont été très utiles au début de la crise syrienne, lorsque des vidéos de violences étaient diffusées, qui dataient en réalité de quelques années auparavant. Ou qui avaient été filmées en Irak, par exemple.
Ensuite vient le "qui?". Dans le cas de la vidéo postée dimanche par l’EI, les services de renseignement avaient un autre but: identifier les djihadistes présents à l’écran. Et là, " les service secrets disposent de quelque chose dont le citoyen ou les journalistes ne disposent pas." François-Bernard Huygues, directeur de recherches à l’Institut des relations internationales et stratégiques, confirme que les différents services de renseignement : "peuvent vérifier tout cela avec des bases de données recueillies avec des interceptions, des géolocalisation, tout ce que fait la NSA par exemple. Ils peuvent donc comparer cela à bien d’autres éléments. Les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France? Ces services doivent faire plus ou moins la même chose pour authentifier une vidéo."
Equilibre entre l'empirique et le technique
Concrètement, il s’agit d’identifier des spectres de voix - parce nos voix sont aussi particulières que nos empreintes digitales - et de faire de l’identification faciale à partir de points bien précis: l'écartement entre les yeux, la largeur et la hauteur (composantes osseuses) du visage. Il y a donc bien un équilibre entre ce que les logiciels permettent - reconnaître une voix ou un visage - et les informations dont les services secrets disposent par ailleurs: bases de données, témoignages sur le terrain, archives judicaires, éléments récoltés par la police ou les services administratifs.
N’oublions pas les sources humaines: les proches des personnes concernées peuvent les reconnaître sur vidéo. Des anthropologues ont déjà aidé à confirmer des accents dans la voix pour déterminer l’origine géographique, par exemple. En clair, il ne faut pas surestimer les possibilités techniques. L’essentiel du travail d’authentification et d’identification repose sur un travail classique.
Dans le cas des deux français identifiés cette semaine, la tâche n’était pas très ardue. Les visages était découverts. Le but pour le groupe Etat Islamique était bien qu’ils soient reconnus, au moins comme étant d’origine européenne, si pas directement comme français. Comment se fait-il alors que les autres n’aient pas encore été identifiés ?
Aucun gouvernement n’a intérêt à retarder l’échéance de l’officialisation d’une identification. A terme, tout cela sera connu. Première élément de réponse: des enquêtes sont en cours dans plusieurs pays du monde, mais les djihadistes potentiels sont (ce n'est qu'une hyptohèse) moins fichés en Indonésie qu’en France. Deuxième élément de réponse: tous les services de renseignements ne sont pas égaux en moyens techniques. Qui a dit " et la Belgique?".