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Comment les services de secours font ils face au choc d'une intervention ?

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© Belga/AFP - François Lo Presti

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Par Vincent Clérin, Stéphanie Vandreck

Les incendies tragiques de ce week-end soulèvent de nombreuses questions sur la manière dont les services de secours gèrent la suite d’une intervention traumatisante. En Hainaut, s’ils le désirent, pompiers et policiers peuvent bénéficier d’un service d’appui mis en place par la Province.

On pourrait imaginer que le fait d’embrasser ce type de profession implique une prise de conscience automatique des drames auxquels ils sont susceptibles d’être confrontés. Oui, mais voilà entre l’idée qu’on se fait d’une réalité et le vécu de celle-ci, il y a un fossé qu’il faut parfois combler "on essaye qu’ils (les intervenants) soient sensibilisés à la compréhension de ce qui peut arriver en terme de réaction quand ils sont confrontés à des événements bouleversants comme le décès de membres d’une famille avec enfants lors d’un sinistre, explique Frédéric Daubechies (*), psychologue, comment le sentiment de stress peut être aggravé quand un secouriste se trouve face à une victime du même âge que ses propres enfants et c’est là que nous pouvons leur expliquer en quoi va consister l’appui psychosocial à la suite d’une intervention de ce type".

Un milieu rude

"Il faut dire aussi qu’il n’est pas facile pour un aidant d’être aidé, poursuit Frédéric Daubechies, nous sommes dans un milieu par définition dur, rude et même si nous sommes amenés à plus parler de nos émotions que par le passé, cela reste une démarche difficile dans des milieux comme les services de secours ou de police".

Le monde des pompiers est un milieu particulier et la fameuse maxime vaincre ou périr dénote bien la pression qu’ils se mettent par rapport à leur travail, ce n’est donc pas forcément dans leur culture de se livrer entre deux interventions. Les choses changent pourtant avec, en vingt ans, l’augmentation exponentielle du nombre d’interventions. La génération actuelle sera donc plus encline à se livrer".

Les débriefings en groupe

"Nous proposons à ceux qui sont partis en intervention une réunion d’équipe. Dans la mesure où ils sont intervenus en groupe, c’est intéressant de se livrer en groupe pour que chacun puisse exprimer son ressenti et que ce partage apaise, légitime et normalise les différentes réactions. Chacun a vécu les choses d’une certaine manière, il est donc intéressant que les autres entendent la diversité de ces vécus".

Le soutien psychologique présent en Hainaut, mais…

Le soutien psychologique des services de secours est né au lendemain de la catastrophe de Ghislenghien. Le dossier avait été élaboré par Frédéric Daubechies et Erik de Soir. "Ce dossier était arrivé à un consensus tout à fait intéressant mais les élections sont passées par là et aujourd’hui cela ne semble plus être dans les priorités du cabinet actuel. Résultat, aujourd’hui, selon l’endroit où on travaille, on ne disposera pas forcément d’une structure d’appui psychologique".

 

(*) Frédéric Daubechies est Docteur en Sciences Psychologiques et directeur du Service d'Appui Psychologique aux intervenants.  Pour le Hainaut, l’ "Appui psychologique aux intervenants" est situé à Jurbise, Chemin du Prince, 183.

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