Quel est l’objectif de Vladimir Poutine en jouant la carte ukrainienne ? Toute cette semaine sont programmées des discussions très délicates entre Russes et Occidentaux sur la crise en Ukraine. Mais au-delà des menaces d’invasion russe sur Kiev, il y a d’autres enjeux : Moscou souhaite carrément redessiner l’architecture sécuritaire européenne en faisant reculer l’Otan. Et pour cela, la stratégie adoptée par le président russe Vladimir Poutine désarçonne…
Premier acte ce lundi à Genève en Suisse avec un dialogue tendu entre Russes et Américains, deux vice-ministres des Affaires étrangères face à face, Wendy Sherman et Sergueï Riabkov, suivi de deux rounds mercredi et jeudi avec les Européens dans le cadre de l’Otan d’abord, de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe ensuite. Et comme la Russie exclut toute concession, l’issue de toutes ces discussions est plus qu’incertaine.
L’Ukraine au centre des tensions
L’enjeu, c’est d’apaiser les relations qui ne cessent de se crisper lorsque Russes et Américains parlent de l’Europe. Avec tout d’abord l’Ukraine.
Fin décembre, les deux présidents se sont entretenus au téléphone pour tenter de faire baisser la tension, sans autre résultat qu’un échange de mises en garde. Joe Biden veut jouer la carte diplomatique tout en brandissant la menace de sanctions "jamais vues". Du côté russe, on campe sur ses positions : pas question de céder quoi que ce soit face à des "requêtes inacceptables".
Les États-Unis accusent les Russes de masser une nouvelle fois des troupes à la frontière ukrainienne, 100.000 hommes, voire plus, après avoir déjà fait main basse en 2014 sur la Crimée et déstabilisé le Donbass ukrainien via une prise de contrôle par des forces indépendantistes soutenues en sous-main par Moscou.
Le moindre incident pourrait dégénérer en conflit ouvert. L’armée russe est largement supérieure, mais une invasion de l’Ukraine aurait aussi un prix militaire conséquent pour Moscou par exemple dans le scénario d’une guérilla des forces ukrainiennes régulières et irrégulières contre des troupes d’occupation russes.
La Russie veut éloigner l’Otan
Le Kremlin affirme que c’est l’Occident qui provoque la Russie. Il réclame le retrait de toutes les forces américaines d’Europe centrale et de l’est. Et un engagement par traité à ne jamais élargir l’Otan vers l’est, en particulier à l’Ukraine. Des exigences irrecevables, pour les Occidentaux. Selon Wendy Sherman, les Etats-Unis restent fidèles "aux principes internationaux de souveraineté, d’intégrité territoriale, et à la liberté des pays souverains de choisir leurs propres alliances".
Le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg abonde ce lundi à la sortie de sa rencontre avec la vice-Première ministre ukrainienne de l’intégration euroatlantique Olga Stefanishyna : pas question de priver l’Ukraine du droit de poursuivre son parcours à l’adhésion à l’Alliance. Chemin faisant, l’Otan aide déjà l’Ukraine.
Les exemples ne manquent pas : livraisons de missiles turcs, de munitions, de navires, de dispositifs de missiles antichars Javelin, de matériel médical américains… Et l’Otan qui promet son assistance à l’Ukraine, ajoute que le pays a "le droit de se défendre" et si la Russie décide de recourir à la force, elle aura "un coût important à payer"… Une ambiguïté dont ne sort pas le secrétaire général de l’Otan qui se borne à espérer un agenda de négociations avec la Russie pour éviter un conflit armé en Europe mais aucune solution pour cette semaine.