Christiane précise : "Les vêtements, c’est super important pour la langue des signes. Ils doivent être foncés. Noir, bleu marine, brun, sans boutons trop visibles, sans fleurs, sans carreaux. Des couleurs neutres, pas de vernis, pas de bijoux ostentatoires. L’idée c’est d’avoir un contraste au niveau des couleurs pour que les mains ressortent bien et permettent une meilleure lisibilité de la langue des signes."
Une fois dans les locaux de la RTBF au Boulevard Reyers, direction un studio avec fond vert. L’interprétation, retransmise sur Auvio et sur La Trois se fait en direct, sans filet. "À 19h30, il y a encore des sujets qui sont en cours de montage, parfois jusqu’à la fin du JT. Les derniers reportages, c’est souvent le sport. Et donc là, ce sont les sujets les plus compliqués pour nous. Parce qu’il y a énormément de noms propres qu’on doit épeler."
L’interprète est un téléspectateur comme les autres. "Parfois, on découvre les images en même temps que le téléspectateur et, en même temps, il faut interpréter le message de manière fidèle", détaille Christiane qui rappelle que ses émotions ne peuvent pas se voir à l’écran.
Editions spéciales à rallonge
Alors quand l’information peut surgir à n’importe quel moment ou qu’elle s’étale pendant des heures, les nerfs des interprètes sont mis à rude épreuve. Ce fut le cas en mars 2020 avec des conférences de presse tardives et des éditions spéciales à rallonge. Lors des comités de concertation par exemple, les interprètes sont en stand-by, au même titre que toutes les autres équipes de la RTBF.
Elle évoque alors le conseil national de sécurité, celui qui durera plusieurs heures, avec une conférence de presse en fin de soirée en mars 2020. "Avec ma collègue, on a fait sept heures de direct. Et ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que, quand on fait une interprétation, on est face caméra de la première seconde à la dernière seconde. On n’a pas le temps des reportages pour pouvoir se moucher, se gratter le nez ou boire un petit coup d’eau. Je peux vous assurer qu’à la fin, je ne voulais plus entendre le mot coronavirus. Je n’en pouvais plus."
D’ailleurs, comment dit-on Covid en langue des signes ? "On symbolise le virus par la main et on fait un signe qui représente les picots autour du virus, décrit Christiane Ce signe est d’ailleurs assez international parce que beaucoup de pays le reprennent."
Pour ce qui est des vaccins, il y a le geste du pouce sur le haut du bras. Quant au nom de chaque entreprise qui les fabrique, "il faut qu’on les épelle. Après, le signe va émerger de la communauté sourde et on va pouvoir l’emprunter".
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