Monde

Commémorations de la "Rafle du Vel d’Hiv" : Macron appelle à "redoubler de vigilance" face à l’antisémitisme

Emmanuel Macron écoute un rescapé de la rafle à Pithiviers, le 17 juillet 2022 (et image d’archive).

© AFP

Par Belga, édité par Kevin Dero

Le président français Emmanuel Macron a appelé dimanche "les forces républicaines" à "redoubler de vigilance" face à un antisémitisme "encore plus brûlant" et "rampant" qu’il y a 20 ans, dans un discours à Pithiviers (Loiret) commémorant le 80e anniversaire de la Rafle du Vel d’Hiv. C’est dans le camp de déportation de cette commune située au nord d’Orléans, ainsi que dans celle de Beaune-la-Rolande, qu’étaient rassemblés des déportés franciliens avant de les envoyer, via la gare, dans les camps de concentration nazis.

Gare de Pithiviers, en mai 1941
Gare de Pithiviers, en mai 1941 © AFP

Heures noires

"Nous n’en avons pas fini avec l’antisémitisme. Et nous devons en faire le constat lucide. Cet antisémitisme est encore plus brûlant, rampant, qu’il ne l’était en 1995, dans notre pays, en Europe, et dans tant d’endroits du monde", a souligné Emmanuel Macron.

Dans cette gare – transformée en lieu de mémoire — où ont transité une partie des 13.000 Juifs arrêtés à Paris et en banlieue le 16 juillet 1942, Emmanuel Macron a repris les mots de Jacques Chirac qui, en 1995, avait reconnu la responsabilité de la France dans la Rafle du Vel d’Hiv : "Ces heures noires souillent à jamais notre histoire. La France ce jour-là accomplissait l’irréparable".

[…] L’odieux antisémitisme est là, il rode, toujours vivace, persiste, s’obstine, revient

Désormais, l’antisémitisme "peut prendre d’autres visages, se draper dans d’autres mots, d’autres caricatures", a estimé Emmanuel Macron. "Mais l’odieux antisémitisme est là, il rode, toujours vivace, persiste, s’obstine, revient", a-t-il poursuivi, évoquant tour à tour la "barbarie terroriste", les "assassinats et crimes", les résurgences sur "les réseaux sociaux" ou les "profanations de tombes".
 

Des familles d’origine juive à la gare de Pithiviers (Loiret) en mai 1941
Des familles d’origine juive à la gare de Pithiviers (Loiret) en mai 1941 © AFP

"Falsification de l’histoire"

Ceux qui s’adonnent à ces mensonges ont pour projet de détruire la République et l’unité de la Nation

Reportage poignant dans notre 19h30 de ce dimanche

"Il s’immisce dans les débats sur les plateaux de télévision. Il joue de la complaisance de certaines forces politiques. Il prospère aussi autour d’une nouvelle forme de révisionnisme historique, voire de négationnisme", a-t-il insisté, faisant allusion, sans le nommer, au candidat d’extrême droite à l’élection présidentielle Eric Zemmour qui avait notamment soutenu que le maréchal Pétain avait "sauvé" des juifs français durant la Seconde Guerre mondiale.


A écouter aussi : Comment Eric Zemmour revisite-t-il l’histoire ?


"Ni Pétain, ni Laval, ni Bousquet, ni Darquier de Pellepoix (des dirigeants et responsables français du gouvernement de Vichy durant la Seconde Guerre mondiale, ndlr), aucun de ceux-là n’a voulu sauver des Juifs. C’est une falsification de l’histoire que de le dire", a répondu le chef de l’Etat, en estimant que "ceux qui s’adonnent à ces mensonges ont pour projet de détruire la République et l’unité de la Nation".

Ne jamais rien céder. Réprimer et punir. Commémorer et instruire

 

75e anniversaire de la rafle du Vel d’Hiv dans notre JT du 16 juillet 2017 :

Commémoration du 75ème anniversaire de la rafle du Vél d'Hiv

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"Lever les ferments de l’éducation et du dialogue"

"Regarder notre vérité en face, ce n’est pas affaiblir la France ni se repentir. C’est reconnaître tout pour ne pas le reproduire", a exhorté le chef de l’Etat Emmanuel Macron a donc appelé "les forces républicaines de notre pays" à "redoubler de vigilance".


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"Car oui la mécanique de 1940 venait de loin et s’était nourrie de haine et d’antisémitisme devenus ordinaires", a-t-il fait valoir, appelant à "ne jamais rien céder. Réprimer et punir. Commémorer et instruire".

"Nous n’extirperons jamais les racines de l’antisémitisme si nous ne faisons pas lever en même temps les ferments de l’éducation et du dialogue", a encore plaidé Emmanuel Macron, qui avait visité plus tôt les lieux, transformés en musée par le Mémorial de la Shoah.

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