La méditation s'est imposée un peu partout dans notre société: dans les entreprises, les hôpitaux, les écoles, en ligne ou même en prison! On en connaît les bienfaits, mais on parle mois souvent de ses potentiels effets indésirables. Cette pratique n'a-t-elle que des vertus? Comment impacte-t-elle le fonctionnement de notre cerveau? Quels sont ses développements futurs? Pour tenter de répondre à toutes ces questions sur le plateau de CQFD, le grand entretien de Steven Laureys, neurologue et professeur de Clinique au Département de Neurologie du CHU de Liège, directeur de recherches au FNRS, directeur du Coma Science Group de l'Université de Liège, et auteur du livre "La méditation, c'est bon pour le cerveau".
La méditation face au stress chronique
Si on parle tant aujourd'hui de ce moyen de "reconfigurer notre cerveau", c'est que notre mode de vie hyper connecté nous bombarde en permanence de stimuli, le terreau d'un stress chronique néfaste pour la santé. Pratiquée régulièrement, il est prouvé que la méditation renforce la résistance au stress, prévient la dépression et certaines maladies chroniques. Une gymnastique du cerveau qui peut offrir une réponse à des problèmes de santé variés, comme le burn-out, la dépression, les insomnies, douleurs chroniques ou maladies cardiovasculaires.
"Comme chercheur neuroscientifique qui s'intéresse à la conscience, j'ai attendu longtemps avant de m'intéresser à la méditation", confie Steven Laureys, "une pratique qui nous permet de mieux comprendre différents processus de notre mental". Le neurologue est notamment connu pour avoir étudié le cerveau de Matthieu Ricard, docteur en biologie moléculaire, moine bouddhiste et interprète français du dalaï-lama.
Moi je médite entre deux patients en consultation
"Avec 60 000 heures de méditation à son compteur, Matthieu Ricard est un sujet hors normes à étudier", explique le chercheur, "mais il ne faut pas aller jusque là pour profiter des bienfaits de la méditation [...] Une technique qui va renforcer le câblage de milliards de neurones connectés entre eux. Chez des experts en méditation, ces connexions augmentent en nombre et en volume. Mais si vous et moi nous entraînons durant 8 semaines, comme dans un cycle de pleine conscience , on verra déjà des changements fonctionnels et structurels".
"A chacun de trouver la technique qui répond à ses besoins: exercices d'attention concentrée sur la respiration, d'attention au moment présent, mais aussi pourquoi pas de récitation de mantras ou de méditation contemplative", affirme Steven Laureys qui précise: "on parle de 20 minutes quotidiennes pour que ce soit efficace, ce n'est pas possible tous les jours. Moi je le fais entre deux patients en consultation".