Direction les recoins les plus nauséabonds de l’âme humaine. Attention, les yeux, ça va piquer ! Il y a des séries qu’il faut lire d’une traite, sans reprendre sa respiration entre les différents volumes. C’est le cas de ''R.I.P.'', dont je ne vous conseille pas seulement le dernier tome, mais carrément les quatre.
Vu le nom de la série – formule latine pour dire " Repose en paix " -, vous aurez compris que cette sortie est de saison. Elle serait même plus Halloween que Toussaint, si vous voyez ce que je veux dire : ''R.I.P.'', c’est une BD trash, très trash et bien gore, aussi. On y suit un groupe d’intervention que de mystérieux commanditaires envoient sur les lieux de décès non signalés. Lorsqu’ils arrivent sur place, ils ont généralement été précédés de cohortes de mouches et de vers en tout genre. Leur job : tout vider, avant que les secours ou la police ne débarquent. Des cambrioleurs du glauque, pour résumer. L’idée était osée, elle fonctionne à merveille.
Il est intéressant de tout lire d’un coup : Cchaque livre de la série explore un des personnages de cette équipe d’intervention. Et chacun d’entre eux porte son histoire : on n’entre pas dans ce genre de job par hasard. On y entre généralement contraint et forcé, et parce qu’on a un rapport particulier à la mort. Les quatre volumes sont donc l’occasion d’explorer les vies de quatre personnages aux profils très particuliers ; et le dernier est sans doute l’un des plus hauts en couleurs. Si vous n’avez pas peur des destins de losers bien sordides, vous allez être gâtés avec ''R.I.P.''. Mais il n’y a pas que ça. Les quatre tomes de la série se répondent, se complètent, un peu comme un vaste puzzle dont les pièces s’emboîteraient peu à peu.
Une histoire à suivre ? Oui et non. Chaque tome a été conçu pour fonctionner seul, indépendamment des autres. Mais si vous les lisez dans l’ordre, chacun des quatre contient des bouts d’histoires des suivants et des précédents. C’est assez brillant, comme écriture, car à mesure qu’on avance, on a l’impression de s’aventurer dans le noir, entre les toiles d’araignées et les odeurs putrides vers une vérité tout sauf lumineuse. Il y a du polar, du thriller, de l’enquête, du mystère, mais aussi du film d’horreur derrière tout ça, et même de l’humour, un humour très macabre et bien noir, en l’occurrence.
Le point de départ de toute la série, c’est une mission durant laquelle un des personnages, celui qu’on suit dans le tome 1, choisit de détourner une bague sertie d’un énorme diamant. Pour la soustraire à ses employeurs très suspicieux, il décide de l’avaler, malgré tous les miasmes qu’il avale en même temps, bien entendu, je vous rappelle qu’on est sur une scène de découverte de cadavres en putréfaction. Ce moment, c’est un peu le grain de sable qui introduit l’anomalie de départ dans le commando. A partir de là, chaque livre tourne autour comme si on revisitait les mêmes éléments avec des regards différents. A lire si vous aimez le frisson.
''R.I.P.'' tomes 1 à 4, de Gaet’s & Monier, chez Petit à Petit