On va parler de harcèlement, la BD aborde toutes les thématiques, même les plus noires. C’est le cas de cet album, intitulé ''Dans les vestiaires''. Il était paru une première fois en 2014 et ressort dans une nouvelle édition suite au succès des deux derniers livres de son auteur.
''Dans les vestiaires'', par Thimothé Le Boucher, La Boîte à Bullles
Il faut dire que Thimothé Le Boucher a véritablement explosé graphe à un récit fantastique extrêmement bien mené paru en 2017 chez Glénat : ''Ces Jours qui disparaissent''. Trois ans plus tôt, il était encore totalement inconnu lorsque La Boîte à Bulles publiait ''Les Vestiaires'', son deuxième album. Pourtant, cette histoire est absolument remarquable à plus d’un titre.
Eh bien l’histoire, justement :
Nous sommes dans un lycée. De ce lycée, nous ne verrons rien, ou presque. Pour renforcer son propos, Thimothé Le Boucher choisit de placer sa caméra dans les seuls vestiaires des garçons. L’histoire commence précisément quand ceux-ci découvrent les nouveaux locaux en compagnie de leur enseignante, stupéfiés de s’apercevoir que les vieilles cabines de douches ont été remplacées par des douches communes. Enfer et damnation, il va falloir se montrer nus. Et forcément, se comparer.
Est-ce que tout se passe comme un plan-séquence, dans une longue scène en continu ?
Pas du tout. Et c’est ce qui rend ce livre brillant. En pratiquant des ellipses plus ou moins longues, l’auteur ne dessine que les scènes se déroulant dans ces vestiaires avec la même bande de garçons de 15-16 ans. Si on voit parfois la cour de récréation, c’est à travers les vitres floutées d’une des fenêtres placées à côté d’un lavabo. Quant aux filles de l’école, les garçons les épient comme ils le peuvent dans la pièce voisine, on n’en verra que des morceaux de corps. Un peu comme une caméra espion qui aurait saisi sans qu’ils le sachent ces garçons dans leurs attitudes les plus sauvages. Car le lieu choisi n’est pas innocent. C’est celui qui révèle les adolescents à ce qu’ils ont de plus fragile. Ce sont les coqs lâchés dans la basse-cour.
Plus qu’un film, c’est presque une pièce de théâtre :
Un théâtre implacable. Mais avec pas mal de personnages et trois plateaux contigus. Cette quinzaine de garçons, c’est un échantillon des dominants et des dominés. Thimothé Le Boucher, qui n’avait que vingt-cinq ans lorsqu’il a écrit et dessiné ce livre, a parfaitement réussi à montrer les mécanismes du harcèlement. Il décrit la peur de la différence, le regard qui blesse, la versatilité du groupe, la souffrance liée à cette période de construction.
''Dans les vestiaires'', un album hautement recommandable, paru à La Boîte à Bulles.