Coronavirus

Coloc et Covid, la difficile conciliation

Coloc et Covid, la difficile conciliation

© Klaus Vedfelt - Getty Images

Par Marie-Laure Mathot

N’avoir qu’une personne avec qui on a des contacts rapprochés et donc, avec qui on ne respecte pas les gestes barrières d'une part, et quatre personnes que l’on peut inviter à la maison tout en respectant des mesures de sécurité d'autre part : voilà les nouvelles règles sociales d’applications dès ce lundi 19 octobre. Si elles sont peu comprises par une partie des Belges, elles sont d’autant plus difficiles à appliquer quand on vit en colocation.

Micro-trottoir : avez-vous bien compris les nouvelles mesures en ce qui concerne la bulle sociale ? Parmi les réponses, deux voix féminines. " Nous, déjà, on est dans une coloc de 8 personnes ", dit l’une. " Ça n’est pas pensé pour les colocations, continue l’autre. Quand on utilise la même cuisine par exemple. Imaginons qu’il y en a un qui a une copine qui vient manger le soir et l’autre a sa copine qui vient aussi manger avec nous. On est dans la même cuisine, on cuisine ensemble. Ça, c’est un contact rapproché ! "

Qui cela concerne-t-il ?

Une fois de plus, les mesures politiques ne s’adaptent pas bien à ce type de logement où l’on retrouve des personnes qui forment un foyer sans pour autant dépendre les unes des autres. Pourtant, la colocation est de plus en plus répandue, surtout à Bruxelles. Selon les derniers résultats de l’Observatoire des loyers (2018), 11% des logements Bruxellois étaient occupés par des colocations contre 6% en 2012. Bruxelles, c’est aussi là où la propagation du virus est la plus importante


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La colocation est aussi un mode de logement qui a du succès chez les jeunes adultes. L’âge moyen du colocataire est de 28 ans, soit la tranche d’âge où le virus se transmet le plus comme on peut le voir sur ce graphique de Sciensano publié à la date du 18 octobre.

 

Coloc et Covid, la difficile conciliation
Coloc et Covid, la difficile conciliation © Tous droits réservés

Alors comment adapter ces nouvelles règles dans ce mode de vie communautaire ? Difficile de demander à ses colocataires de ne pas inviter d’amis à la maison. Difficile aussi de restreindre ses contacts sociaux parce que l’un des habitants est plus à cheval sur les règles. " La liberté des uns s’arrête là où celle des autres commence ", commente la maxime.

Un contact rapproché par personne mais pas dans les communs

Concrètement, "concernant la bulle de 1, chaque habitant a droit à une personne en plus de ses colocataires avec qui il a une relation proche, interprète Yves Coppieters, professeur de santé publique à l’ULB. Cette personne peut venir dans l’espace du milieu de vie mais ne doit pas se mélanger aux autres. C’est-à-dire qu’elle va venir dans la chambre ou dans les espaces privés de la personne qu’elle connaît au sein de la coloc mais pas dans les espaces où elle se mélange avec les autres." Par exemple, la cuisine quand tout le monde est là.

Quatre invités pour toute la colocation

"En revanche, les colocataires peuvent accueillir quatre personnes à la fois pour un repas ou un moment convivial, explique Yves Coppieters. Ces quatre personnes doivent être les mêmes sur une période de 15 jours. On peut donc y retrouver le copain ou la copine mais c’est maximum quatre à l’échelle de l’appartement ou de la maison."

En pratique : "que les colocataires se mettent d’accord"

Ça, c’est pour la théorie mais en pratique, comme le dit notre colocataire interviewée, c’est difficile à appliquer. Une première solution : la discussion. "Il faut décider du statut de chaque personne qui est invitée dans la colocation, répond Yves Coppieters. C’est une règle qui semble en effet compliquée à mettre en place car les interactions sociales sont moins faciles à maîtriser dans une colocation. Donc, oui, il faut vraiment une discipline, que les colocataires se mettent d’accord sur les quatre personnes qu’on accueille et puis, chacun gère sa relation individuelle."

Imprévue, une personne déboule. Que faire ? "Si ce n’est pas possible de se mettre d’accord, on peut aussi introduire les masques ou éventuellement des gestes barrières pour diminuer fondamentalement les risques." Des mesures qui peuvent impacter psychologiquement les individus car la maison doit rester un lieu où l’on se sent en sécurité, précisent les psychologues.

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