Dans sa chronique Dans l’air du temps, Réal Siellez nous parle d’une voix, celle de Colette Magny qui sera révélée à l’âge de 36 ans…
Colette Magny naît en 1926. Cette voix de dingue a commencé sa carrière publique à l’âge de 36 ans, puisqu’avant d’être sur le devant de la scène, elle était secrétaire dactylo bilingue pour L’OCDE…
Dès son premier passage télévisé, le 8 décembre 1962, sa voix bluffe les téléspectatrices et téléspectateurs. Un journaliste titre "la France à son Ella Fitzgerald blanche", ce qui la mettra dans une colère noire.
En pleine période yé-yé, elle vient avec son blues du fond de l’âme. La mode est à la chanteuse fluette qui se flammèche devant le micro, Colette Magny est obèse, les deux poteaux ancrés au sol, guitare à la panse, robe large et idée de gauche, très à gauche, très très à gauche. Si sa voix est douceur, son propos est radical… Et c’est probablement cela qui la tiendra éloigné des plateaux télé : la peur générale d’une dame en colère qui dit ce qu’elle pense.
Plus familière des concerts dans des foyers de jeunes travailleurs que des grandes salles, Colette Magny, c’est un grand tube auquel elle sera toujours réduite, mais c’est surtout une voix engagée… D’abord une voix qui chantera de la soul et des génies, elle adaptera généreusement les poètes comme Victor Hugo, Arthur Rimbaud, Louis Aragon ou encore le très joli texte "Baise m’encore" de Louise Labé.