On attendait avec un brin d’anxiété le renouvellement du plaisir inouï créé par Kiss and Cry en 2011. Un plaisir né pas tellement d’une "histoire" incroyable que d’une manière unique, jamais vue, de la construire. Sous nos yeux ébahis se mêlaient sur scène le cinéma, filmé en direct, le théâtre, la danse sur le bout des… doigts-dite "nanodanse"- et un texte entre humour et mélancolie. La collaboration du cinéaste Jaco Van Dormael, de la chorégraphe Michèle Anne De Mey et du conteur Thomas Gunzig allait-elle confirmer son excellence ? Depuis hier soir la réponse est oui. Cinq minutes de standing ovation à Manège.Mons pour Cold Blood, non pas simple "suite" d’une "série" TV mais preuve que d’une expérience de laboratoire on peut faire un "genre" populaire.
Un plaisir renouvelé
Le même plaisir central de l’œuvre en train de se faire avec l’œil qui peut errer de la scène à l’écran et vice-versa pour constuire sa propre hisoire et son propre plaisir. Mais plus de paysage " concret " auquel s’accrocher comme ce train, ce paysage, ces petites figurines sympas : le " bricolage " est réduit au minimum. Tout se fabrique dans de tout petits espaces où la nanodanse peut s’en donner à cœur joie. Les scènes y gagnent en densité, en abstraction et en hauteur : ballade interstellaire, plongée au fond d’une piscine, où les corps se dissolvent.