C'est la chronique d'une mort annoncée. Eastman Kodak, fleuron de la photographie mondiale et emblème du capitalisme américain a vécu. A court de liquidités, le groupe a été contraint de se placer sous la protection du chapitre 11 de la loi américaine des faillites.
En septembre dernier déjà on parlait de dépôt de bilan, le groupe avait perdu l'essentiel de sa capitalisation boursière, il avait été dégradé par les agences de notation et tirait sur ses dernières lignes de crédit pour éviter de sombrer.
Pourquoi cette descente aux enfers?
Parce que Kodak, qui avait été le roi de la pellicule, a raté le tournant de la photographie numérique.
Et c'est un paradoxe, parce que c'est Kodak lui-même qui a inventé cette technologie, mais il n'y a pas cru, ce sont ses concurrents qui l'ont commercialisée, à ses dépens, et le groupe américain s'est retrouvé en marge du marché. Il ne lui reste plus que ses brevets d'imagerie numérique. C'est une histoire industrielle de plus de 100 ans qui prend fin. Fini de dire Clic Clac merci Kodak!
Le dépôt de bilan sans impact sur l'Europe
Le dépôt de bilan n'aura pas d'impact sur ses activités en Europe, a assuré jeudi un de ses responsables, alors que le groupe a beaucoup taillé dans ses effectifs dans la région ces dernières années.
"Ce sont uniquement les entités américaines, le siège mondial et ses filiales américaines qui ont décidé de se placer sous le chapitre 11 de la loi américaine", a rappelé Olivier Claude, directeur des ventes pour l'Europe de l'Ouest, interrogé par l'AFP.
"Cela signifie que l'Europe n'est pas touchée d'un point de vue juridique puisque nous avons des entités légales différentes", a-t-il assuré. Le siège européen de l'ex-fleuron de la photographie mondiale se trouve à Genève, et le groupe possède par ailleurs trois sites de production sur le continent, en Allemagne, en Grande-Bretagne et en Bulgarie. "Si l'on conserve toutes les activités où nous sommes présents aujourd'hui, aucun changement drastique ne doit intervenir sur les effectifs européens", a répété M. Claude.
Kodak, qui n'a pas dégagé le moindre profit depuis 2008, a déposé son bilan jeudi pour se restructurer à l'abri des demandes de ses créanciers en se plaçant sous la loi américaine sur les faillites. Il a aussi obtenu de la banque Citigroup une facilité de crédit de 950 millions de dollars.
Françoise Gilain et AFP