Qu’est-ce que vous avez ressenti lors de la projection dans votre quartier, au milieu des personnes avec qui vous avez grandi ?
C’était une fierté et un réconfort de montrer aux gens ce documentaire. Le fait de retourner dans mon quartier pour faire une projection avec les gens avec qui j’ai grandi, avec mes parents a permis de montrer à la nouvelle génération d’Abobo, et aux yeux du monde entier, qu’on peut partir de rien et devenir quelqu’un. Il suffit juste de croire en ce que tu fais, même si tu n’as pas d’argent. Il ne faut pas que le manque d’argent t’évite de rêver et d’espérer.
Le lieu de vie est central dans votre stand-up, puisque votre spectacle s’appelle "L’Abobolais, du nom de votre quartier Abobo. Qu’est-ce que vous racontez dedans ?
Dans mon spectacle, je propose une vision de l’Abobolais par l’Abobolais. Je donne mon point de vue en partant des clichés qu’ont les gens de cet endroit. Je parle de mon enfance, comment j’ai vécu, comme les gens nous perçoivent et comment nous percevons le monde.
Pourriez-vous décrire l’environnement dans lequel vous avez grandi ?
Comme je le dis dans mes sketchs, Abobo est un quartier populaire et populeux, parce qu’il y a beaucoup, beaucoup d’habitants. Il y a des clichés sur Abobo, selon lesquels c’est un quartier violent, où il y a des vols et de nombreux criminels. Mais il n’y a pas que ça. Il y a de bonnes personnes, comme moi, comme d’autres talents qui arrivent à combattre ces stéréotypes et l’image que l’on a de cette commune.
Dans votre sketch à Montreux, vous racontez que vous êtes très bien à Abobo et que vous ne vous voyez pas vivre en Europe.
Chacun doit avoir une base sur laquelle s’appuyer. La mienne est vraiment chez moi, à Abobo. Je veux voyager pour jouer, mais m’installer là-bas, ce n’est pas possible. Je veux servir d’exemple pour les autres et montrer que l’Afrique n’est pas un enfer pour le métier. Au contraire, c’est une richesse. Il faut ramener les gens chez nous, avec nos propres valeurs et ce qui nous rend originaux. Pourquoi vouloir partir ?
Dans l’imaginaire collectif, lorsqu’un artiste réussit dans les quartiers populaires, il quitte son quartier. Vous donnez un nouvel exemple de réussite.
Je crois simplement que partir du quartier est lâche. Il y a beaucoup de difficultés et on ne peut pas fermer les yeux sur le fait qu’il y a des choses à régler avant. Si nous, les fils d’Abobo [la nouvelle génération] nous décidons de partir, qui viendra régler ces problèmes ? On doit se donner les moyens et se battre. Il faut créer soi-même pour que les gens viennent nous soutenir.
Quelle est la suite de l’aventure pour vous ?
Du côté professionnel, mon plus grand rêve est de retourner au Montreux Comedy Festival, d’aller au Marrakech du Rire et de faire les plus grands festivals francophones pour montrer le talent d’Abobo. A côté, j’aimerais créer une école pour aider les plus jeunes talents à réaliser leur rêve. J’ai vraiment envie d’aider les gens. Et les animaux aussi. J’aime bien les animaux.