Liège

Circuit court: pourquoi ne mangeons-nous pas tous des produits Made in Wallonie?

Circuit court: pourquoi ne mangeons-nous pas tous des produits Made in Wallonie?

© RTBF - Marie Bourguignon

Par Marie Bourguignon

Qu'est ce qui fait que le circuit court est toujours quelque chose de marginal chez nous? La demande est là, mais le secteur n'est pas assez développé, surtout en terme de logistique. Il y a bien sûr le problème du transport, mais aussi de la transformation des produits. Coup d’œil sur la situation en région liégeoise.

Nous sommes des producteurs, pas des logisticiens

Chaque année, ce fruiticulteur passionné produit 120 tonnes de pommes et de poires.
Chaque année, ce fruiticulteur passionné produit 120 tonnes de pommes et de poires. © RTBF

Cela fait près de 30 ans que Pierre-Marie Laduron prend soin de ses arbres. Chaque année, ce fruiticulteur passionné produit 120 tonnes de pommes et de poires, qu'il vend uniquement en circuit court. Un modèle de commercialisation idéal pour lui, mais avec une difficulté majeure: la logistique. "La logistique, c'est le grand problème, parce que nous sommes producteurs, et pas logisticiens et livreurs" explique Pierre Marie Laduron. "Si je dois livrer tous les magasins, deux caisses ici, trois caisses là-bas, une demi caisse ailleurs, et quelques bouteilles de jus, je ne m'en sors pas. Il faudrait que le prix soit tellement exorbitant que le client ne s'y retrouverait pas non plus". Au fil des années, ce fruiticulteur a trouvé des solutions. Il s'est notamment associé avec d'autres maraichers et profite d'une plateforme de vente par internet.

Il faut ajouter un intermédiaire pour rationaliser le processus

En province de Liège, plusieurs organismes travaillent activement pour favoriser le développement logistique du circuit court. Élisabeth Gruié, chargée de communication de la Ceinture aliment-terre liégeoise: "A terme, ce qui serait intéressant, c'est d'avoir un hub de produits locaux développés ici en région liégeoise pour s'assurer qu'à la fois les cantines puissent disposer de produits locaux, mais aussi les consommateurs. Parce qu'on sait tous qu'on ne peut pas se précipiter chez nos petits producteurs locaux, c'est compliqué, même en termes de pollution finalement. Il faut donc ajouter un intermédiaire qui permette de rationaliser le processus".

Développer les structures qui transforment les produits

Mais pour donner une réelle présence au circuit court, il faut aussi développer les structures qui permettent de transformer les produits. C'est ce qui se fait dans ce petit atelier fondé en 2017 par quelques maraichers. Aujourd'hui, les équipes s'affairent à la découpe de céleris qu'un producteur n'a pas réussi à écouler. Gabrielle Vilour, responsable de l'atelier de transformation ADM Bio: "L'idée, c'est de prendre tout son surplus -ici, on a pris 100 kilos-, et de pouvoir le transformer directement si c'est possible. Si ce n'est pas possible, on prépare les légumes, on les nettoie, puis on les met au congélateur dans des poches sous vide et on les réutilise au fur et à mesure de la saison".

L'atelier de transformation ADM Bio a été fondé en 2017.
L'atelier de transformation ADM Bio a été fondé en 2017. © RTBF

Sans cet atelier, les légumes seraient jetés: "Les légumes terminent souvent au compost, c'est une réalité. J'ai déjà vu des légumes magnifiques, en été, des aubergines splendides, qui font rêver, mais qui terminent au compost juste parce qu'elles ne rencontrent pas la demande à un moment T".

En attendant de plus grosses structures, on utilise les petits moyens

En attendant la création de grosses structures logistiques, des petits moyens sont donc mis en place. Simon Collard, de l'ASBL Le panier des producteurs passionnés, s'occupe pour sa part de centraliser les produits: "Tous les vendredis, on passe chez nos 33 producteurs pour réunir tous les produits afin que les consommateurs viennent retirer leur panier le samedi. On fait aussi des livraisons".

En attendant la création de grosses structures logistiques, des petits moyens sont mis en place.
En attendant la création de grosses structures logistiques, des petits moyens sont mis en place. © RTBF

Ce qu'il manque, ce sont des financements

La vente en circuit court permet aux producteurs de capter plus de rémunération et de rester maitre d'une plus grande partie de la chaine. Pourtant, seule une ferme wallonne sur 10 a fait ce choix commercial. Elisabeth Gruié: "Qu'est-ce qui manque? Des financements, tout simplement. Il faut vraiment qu'il y ait une vraie volonté politique, que tout le monde s'y mette, pour pouvoir développer les circuits courts et aussi faire en sorte que de nouveaux producteurs et productrices puissent avoir l'envie de se développer".

Le circuit court, "une question de logique"

"Le circuit court, ce n'est pas une volonté de fermer les frontières et de ne pas s'ouvrir, ce n'est pas du tout ça. Mais c'est de rester logique" explique Florence Lanzi, chercheuse et économiste à l’ULiège. "Si vous avez un champ à côté de votre maison qui produit des patates, et bien pourquoi pas manger ces patates là".

A l'heure actuelle, seuls 5 à 10% des produits que nous retrouvons dans nos assiettes proviennent du circuit court. Mais on le voit, les initiatives sont en marche pour que nous mangions davantage de made in Wallonie demain.

Plan de relance - circuit court

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