Le 8 novembre 1890, le compositeur d’origine liégeoise César Franck s’éteignait à Paris après une carrière florissante. Pour rendre hommage à son talent comme il se doit, nous vous proposons de découvrir ou redécouvrir une sélection de 5 de ses œuvres.
Né le 10 décembre 1822 à Liège, César Franck a passé la plus grande partie de sa vie à Paris, où il achève dès 1837 ses études de musique commencées au conservatoire de Liège. Il y mène une brillante carrière de compositeur, de professeur, et bien sûr d’organiste : il sera notamment le premier titulaire, de 1859 à sa mort, de l’orgue Cavaillé-Coll de la Basilique Sainte-Clothilde. Si certains critiques ont cherché à minimiser son œuvre antérieure à 1870, il n’en était pas moins reconnu par ses pairs : il est un ami de longue date de Camille Saint-Saëns, et Liszt, venu l’écouter en 1866 aux orgues de Sainte-Clothilde, le juge l’égal de Jean-Sébastien Bach. Il est finalement naturalisé français en 1870 et c’est à Paris qu’il décède vingt ans plus tard.
Un art réfléchi d'apparence spontanée
Le musicologue Marc Honegger écrit à son sujet : "S’il a marqué la musique française, c’est que son œuvre s’opposait à une certaine facilité en cours, attachait par son esprit, son climat inédit, d’incontestables innovations techniques et esthétiques, le charme d’une personnalité d’ailleurs épanouie tardivement : mort avant la cinquantaine, Franck n’aurait laissé aucune trace durable dans l’histoire de la musique. Cette lente maturation détermine tout ensemble un art réfléchi et d’apparence spontanée. La recherche formelle y est très poussée et sert d’armature à une pensée thématique originale dont l’élan garde le primesaut de l’improvisation, pratique où l’organiste était souverain. Sa mélodie, d’un large envol, s’évade souvent de la carrure des classiques. Outre sa plasticité, sa richesse propre aux développements, elle semble d’une seule coulée malgré sa libre démarche, et se prolonge comme nourrie de sa propre substance (Berlioz et Chopin avaient ouvert la voie)."
Artiste modeste, probe et désintéressé, Franck innove dans de nombreux domaines. Sur le plan harmonique, on peut mentionner son utilisation de chromatismes pour réaliser des modulations subtiles et savoureuses (Debussy l’aurait péjorativement qualifié de "Machine à moduler"). Il semble être le premier à avoir eu l’idée d’enchaîner des accords de neuvième parallèlement par demi-tons (comme dans la finale de sa symphonie). Il n’hésite pas à multiplier les emprunts à des tonalités lointaines sans perdre le ton initial. On lui doit également l’écriture d’orgue dite "symphonique", à l’opposé du contrepoint linéaire, qui a ouvert la voie aux compositeurs A. Guilmant, Ch.-M. Widor et L. Vierne. Par ailleurs, il a contribué aux côtés de Saint-Saëns au renouveau de la musique de chambre et de la symphonie, à l’époque de l’hégémonie du théâtre chanté.
Ce 8 novembre 2020, nous commémorions donc les 130 ans de sa mort. L’occasion de mettre en évidence certaines de ses plus belles compositions, dans des versions originales ou remaniées.
1. La sonate pour piano et violon en la majeur FVW 8
Dédiée au virtuose belge du violon et compositeur Eugène Ysaÿe, la sonate pour piano et violon en la majeur (1886) est l’une des œuvres les plus connues du répertoire de violon et piano et la plus jouée de César Franck. Il en existe plus de 180 versions enregistrées. Voici le premier mouvement de la version du Concertmeister de l’Orchestre Philharmonique Royal de Liège, George Tudorache, et de la pianiste Claudia Bara.
L’organiste bruxelloise Momoyo Kokubu a également réalisé un arrangement de cette pièce pour orgue et violon, dont la partition sera prochainement éditée.