Journal du classique

Cinq œuvres de César Franck à (re)découvrir pour les 130 ans de sa mort

Ce 8 novembre 2020, nous commémorions les 130 ans de sa mort du compositeur et organiste César Franck.

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Le 8 novembre 1890, le compositeur d’origine liégeoise César Franck s’éteignait à Paris après une carrière florissante. Pour rendre hommage à son talent comme il se doit, nous vous proposons de découvrir ou redécouvrir une sélection de 5 de ses œuvres.

Né le 10 décembre 1822 à Liège, César Franck a passé la plus grande partie de sa vie à Paris, où il achève dès 1837 ses études de musique commencées au conservatoire de Liège. Il y mène une brillante carrière de compositeur, de professeur, et bien sûr d’organiste : il sera notamment le premier titulaire, de 1859 à sa mort, de l’orgue Cavaillé-Coll de la Basilique Sainte-Clothilde. Si certains critiques ont cherché à minimiser son œuvre antérieure à 1870, il n’en était pas moins reconnu par ses pairs : il est un ami de longue date de Camille Saint-Saëns, et Liszt, venu l’écouter en 1866 aux orgues de Sainte-Clothilde, le juge l’égal de Jean-Sébastien Bach. Il est finalement naturalisé français en 1870 et c’est à Paris qu’il décède vingt ans plus tard.

Un art réfléchi d'apparence spontanée

Le musicologue Marc Honegger écrit à son sujet : "S’il a marqué la musique française, c’est que son œuvre s’opposait à une certaine facilité en cours, attachait par son esprit, son climat inédit, d’incontestables innovations techniques et esthétiques, le charme d’une personnalité d’ailleurs épanouie tardivement : mort avant la cinquantaine, Franck n’aurait laissé aucune trace durable dans l’histoire de la musique. Cette lente maturation détermine tout ensemble un art réfléchi et d’apparence spontanée. La recherche formelle y est très poussée et sert d’armature à une pensée thématique originale dont l’élan garde le primesaut de l’improvisation, pratique où l’organiste était souverain. Sa mélodie, d’un large envol, s’évade souvent de la carrure des classiques. Outre sa plasticité, sa richesse propre aux développements, elle semble d’une seule coulée malgré sa libre démarche, et se prolonge comme nourrie de sa propre substance (Berlioz et Chopin avaient ouvert la voie)."

Artiste modeste, probe et désintéressé, Franck innove dans de nombreux domaines. Sur le plan harmonique, on peut mentionner son utilisation de chromatismes pour réaliser des modulations subtiles et savoureuses (Debussy l’aurait péjorativement qualifié de "Machine à moduler"). Il semble être le premier à avoir eu l’idée d’enchaîner des accords de neuvième parallèlement par demi-tons (comme dans la finale de sa symphonie). Il n’hésite pas à multiplier les emprunts à des tonalités lointaines sans perdre le ton initial. On lui doit également l’écriture d’orgue dite "symphonique", à l’opposé du contrepoint linéaire, qui a ouvert la voie aux compositeurs A. Guilmant, Ch.-M. Widor et L. Vierne. Par ailleurs, il a contribué aux côtés de Saint-Saëns au renouveau de la musique de chambre et de la symphonie, à l’époque de l’hégémonie du théâtre chanté.

Ce 8 novembre 2020, nous commémorions donc les 130 ans de sa mort. L’occasion de mettre en évidence certaines de ses plus belles compositions, dans des versions originales ou remaniées.

 

1. La sonate pour piano et violon en la majeur FVW 8

Dédiée au virtuose belge du violon et compositeur Eugène Ysaÿe, la sonate pour piano et violon en la majeur (1886) est l’une des œuvres les plus connues du répertoire de violon et piano et la plus jouée de César Franck. Il en existe plus de 180 versions enregistrées. Voici le premier mouvement de la version du Concertmeister de l’Orchestre Philharmonique Royal de Liège, George Tudorache, et de la pianiste Claudia Bara.

L’organiste bruxelloise Momoyo Kokubu a également réalisé un arrangement de cette pièce pour orgue et violon, dont la partition sera prochainement éditée.

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2. Prélude, fugue et variations

Prélude, fugue et variations est une composition de César Franck écrite entre 1860 et 1862 et dédiée à son ami Camille Saint-Saëns. À l’origine, la pièce a été composée pour piano et harmonium, un instrument à vent à anche libre et à clavier de la famille de l’accordéon, dont les soufflets sont actionnés par deux pédales permettant de réguler la pression de l’air et d’apporter des nuances à la musique. La pièce a ensuite été réarrangée pour l’orgue et pour le piano seul. Elle est composée de 4 parties en si mineur qui s’enchaînent, selon un modèle emprunté à la musique baroque et notamment à Jean-Sébastien Bach.

La version proposée ci-dessous est celle d’Olivier Latry, organiste titulaire des grandes orgues (actuellement sinistrées) de Notre-Dame de Paris, sur l’orgue de l’église Notre-Dame du refuge, à Brooklyn.

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3. La symphonie en ré mineur

Composée à la fin de sa vie, entre 1886 et 1888, et dédiée à son élève, Henri Duparc, la symphonie en ré mineur est l’unique symphonie de César Franck, et son œuvre orchestrale la plus connue. La version ci-dessous est celle du Philadelphia Orchestra, dirigé par Ricardo Muti.

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4. "7 pièces pour le temps de Noël", tirées de "L’organiste, vol. 1"

César Franck a écrit deux recueils de courtes pièces charmantes et pieuses pour harmonium ou orgue, créée pour l’animation des messes. Ils ont été édités de manière posthume (le premier en 1991). La suite présentée ci-dessous, "7 pièces pour le temps de Noël" est interprétée à l’harmonium par Joris Verdin.

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5. Deuxième choral en si mineur, orchestré par Benoît Mernier

César Franck a eu de nombreux disciples, dont certains très connus, parmi lesquels on peut citer entre autres Henri Duparc, Ernest Chausson, Guillaume Lekeu, Louis Vierne et Charles Tournemire. Aujourd’hui encore, son œuvre reste une source d’inspiration pour beaucoup de musiciens. Tout récemment, le compositeur et organiste belge Benoît Mernier a voulu lui rendre hommage en réalisant une orchestration de l’un des trois chorals pour grand orgue, le monumental Choral n°2 en si mineur, "Maestoso". La création a eu lieu le 20 septembre 2020 à Bozar, avec l’orchestre symphonique de la Monnaie, dirigé par Alain Altinoglu, et Benoît Mernier à l’orgue.

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