En mai 2022, la CNE a mené une enquête sur les comportements inappropriés et les violences faites aux femmes sur leur lieu de travail. À la question : "Avez-vous déjà subi un comportement inapproprié sur votre lieu de travail ?", 34% répondent régulièrement, 66% exceptionnellement. Aucune femme n’a répondu par la négative ! Il s'agit majoritairement de sujets de conversation déplacés à caractère sexuel, de remarques gênantes sur le physique. Mais cela peut aller jusqu'aux menaces sexuelles et au viol.
"Ca veut dire que le lieu de travail n’est pas encore un espace sûr", estime Gaëlle Demez, responsable femmes à la CSC. "Cinq ans après #MeToo qui a donné un coup de pied dans la fourmilière, ce n’est pas normal que cela soit encore comme ça" Et d’ajouter : "dans un cas sur deux, l’employeur est au courant. Mais il n’agit que dans un cas sur cinq !"
Et certaines travailleuses sont davantage visées que d’autres. Dans une autre enquête, datant elle de juin 2017, la CSC s’était inquiétée des violences sexuelles envers les nettoyeuses et les aides familiales au travail. Là aussi, la conclusion était effarante : une nettoyeuse sur trois était victime de violences sexuelles au travail. Selon cette enquête, "il s’agit souvent de violences verbales liées au sexe, mais des attouchements non désirés ne sont malheureusement pas une exception". Pour Gaëlle Demez, "il est clair que les femmes les plus précarisées, celles qui travaillent à mi-temps, qui ont de petits salaires, sont les plus sujettes à ce type de violences. On sait qu’elles n’ont pas le choix, qu’elles doivent avoir leur boulot, contrairement à une cadre qui a un super carnet d’adresses, qui va pouvoir aller chez l’avocat en cas de problème."
La parole s’est libérée, oui. #MeToo a permis d’enclencher un mouvement qui ne reviendra pas en arrière. Mais il y a encore beaucoup de chemin à parcourir. "Quand on active la procédure harcèlement, en général, c’est la victime qui est délocalisée", estime Gaëlle Demez.