Les fabricants de moutarde sont préoccupés. Comme l’annonçait le journal Le Soir, ils redoutent une pénurie de grains de moutarde. En cause : le réchauffement climatique qui affecte les récoltes, notamment au Canada, principal producteur mondial de graines de moutarde.
C’est un coup dur pour les moutarderies. Chez nous, la célèbre entreprise Bister, près de Ciney, a tout de même réussi à sécuriser sa production pour cette année.
Bister Ciney anticipe
Moins impactée que d’autres moutarderies, comme celle de Dijon (France), l’entreprise Bister s’est montrée prévoyante en gonflant ses importations de graines, pour tenir jusqu’en septembre 2022.
"On utilise trois types de graines : des jeunes, des orientales et des brunes", explique Jérôme Goffinet, directeur du site de Ciney. "Pour l’instant, le marché est compliqué pour les trois graines, mais de manière beaucoup plus importante pour les graines brunes (ndlr : base principale de la moutarde de Dijon, plus forte). On a une pénurie mondiale sans précédent. On a eu énormément de chance de réussir à nous approvisionner à temps. C’était à un prix beaucoup plus important, mais on a eu la chance d’en avoir. Maintenant, les marchés sont vraiment épuisés. On a d’ailleurs des concurrents qui sont à l’arrêt en termes de production pour le moment parce qu’ils n’ont plus de graines pour pouvoir faire leur moutarde".
Prix à la hausse
Conséquence directe de cette perte de production de graines exportées notamment du Canada, de Russie, d’Ukraine et d’Europe Centrale : les prix grimpent rapidement.
"Pour les graines brunes, les prix sont trois à quatre fois plus importants", précise Jérôme Goffinet. "Pour les autres types de graine, c’est plutôt le double ou le triple des prix pratiqués ces dernières années".
A l’augmentation du coût de la matière première s’ajoutent d’autres hausses, comme le prix du verre, du plastique et des cartons utilisés pour les emballages et le transport. A terme, ces augmentations seront inévitablement répercutées sur le consommateur.
Booster la Bister locale
Aujourd’hui, Bister importe l’essentiel des graines. Mais depuis un peu plus d’un an, elle développe une production locale bio. "Nous travaillons avec des agriculteurs des environs", commente Jérôme Goffinet. "Cette relocalisation de la production belge est importante pour nous, même si elle est encore marginale (environ 5% des besoins actuels en Belgique). Cette solution réduit les transports. Elle est plus chère, mais elle est bio, locale et labellisée".
Cette production locale de graines bio pourrait, aussi, à terme, rendre le producteur belge partiellement autonome.