La Fondation contre le Cancer vient de publier son rapport 2015 sur le tabac. Elle y évoque, entre autres, le phénomène croissant de l'e-cigarette, la cigarette électronique. Vous avez sans doute vu apparaître des magasins qui en vendent ces derniers temps un peu partout à Bruxelles et en Wallonie. Dans le Hainaut, on les trouve notamment dans les galeries des centres commerciaux.
Nicotine ou pas? "En Belgique, ce n'est pas clair"
Le principe est simple: vous allez "vapoter", inhaler une vapeur artificielle aromatisée qui ressemble à la fumée de la cigarette sans en avoir les effets toxiques. Les goûts sont très variés: fraise, champagne, mojito ou fromage et, bien sûr, parfum de tabac. Plus de 200 arômes différents sont proposés aux clients. Dans plusieurs pays européens, dont la France toute proche, on peut y ajouter de la nicotine. En Belgique, les choses ne sont pas claires. Didier Willot, propriétaire de plusieurs de ces magasins, n'a jamais eu de réponse officielle à ce sujet : "C'est le flou juridique complet! Nous avons passé des coups de fil, envoyé des dizaines de mails mais personne, je dis bien personne, n'a pu nous donner une réponse. Dès lors, je ne vends pas de nicotine dans mes magasins belges, même si mon site français peut en vendre à mes clients belges".
Du côté du cabinet de la ministre fédérale de la Santé, Maggie De Block (Open VLD), l'expert tabac Mathieu Capouet est plus précis : "La vente de nicotine avec les cigarettes électroniques est illégale. On se base sur la législation de 2013 pour cela. La nicotine ne peut être vendue qu'en pharmacie".
Nicotine vendue sous le comptoir
Pourtant, dans les faits, ces doses de nicotine se vendent sous le comptoir, sous peine de perdre des clients. Il faut dire que le client hennuyer, par exemple, n'a que quelques dizaines de kilomètres à parcourir pour aller en France et acheter ces doses, tout à fait légalement. Il peut également commander celles-ci sur internet. L'hypocrisie est donc de mise. Sans compter que tout et n'importe quoi circule, explique Didier Willot : "Des produits viennent de Chine, d'Ukraine, de pays où il n'y a pas de contrôle. Et là, il faut faire très attention ! Quant on voit qu'on peut trouver dans des night-shops des doses à deux euros cinquante, il faut se méfier: on ne sait pas ce qu'il y a dedans. On a déjà trouvé des acides, de l'acéthyl et d'autres produits très nocifs qui peuvent abîmer la voix, ça c'est déjà vu".
Peu de liquides électroniques sont d'une qualité correcte
Cette situation est dénoncée par les spécialistes comme Antoine Frémaut, tabacologue dans un hôpital de Charleroi, qui recommande la prudence: "Actuellement, peu de liquides électroniques sont d'une qualité correcte. Des liquides vendus comme contenant beaucoup de nicotine n'en contiennent pas. Et, paradoxalement, certains liquides vendus sans nicotine en contiennent! Le gros souci est que, comme il n'y a pas de contrôle, aucun liquide proposé sur le marché n'est sûr à 100%!"