Comment expliquer qu’en à peine deux années, le visage politique du Chili ait à ce point changé ? Le pays a débuté ce dimanche 4 juillet 2021 le processus de rédaction de sa nouvelle Constitution, avec l’installation officielle de l’Assemblée chargée de l’élaborer, qui est composée de 155 citoyens élus. C’est un processus démocratique inédit, après des mois d’une vive contestation sociale qui a fait une trentaine de morts et qui avait commencé en octobre 2019.
1) Tout commence par la hausse du prix du ticket de métro
Le 18 octobre 2019, Santiago connaît de violents affrontements entre forces de l’ordre et manifestants contestant une hausse du prix du ticket de métro. Le président conservateur Sebastian Piñera décrète l’état d’urgence dans la capitale. Le 19, des milliers de personnes défilent à Santiago contre les inégalités. La hausse du ticket de métro est suspendue, mais de nouveaux heurts éclatent. Pour la première fois depuis la fin de la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990), des milliers de militaires sont déployés dans les rues. L’état d’urgence est étendu à plusieurs régions. Les manifestants scandent "le Chili s’est réveillé".
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2) "Le Chili s’est réveillé"
La contestation se transforme rapidement en un mouvement sans précédent contre les inégalités sociales. Selon Damien Larrouqué, qui a travaillé deux ans au Chili et qui est chercheur associé à l’Observatoire politique de l’Amérique latine et des Caraïbes en France (OPALC-Sciences Po), "le peuple s’est soulevé contre une décision qui était finalement presque anecdotique, l’augmentation du ticket de métro. Mais ça a été l’évènement catalyseur d’une révolte qui était sous jacente depuis de nombreuses années et qui concerne critique d’un modèle néolibéral dont les fondements sont ancrés dans la constitution chilienne."
Le président demande "pardon" et des mesures sociales sont mises en place. Mais la machine des citoyens est lancée et plus rien ne semble vouloir l’arrêter : appel à la grève générale, demande de "retour des militaires dans leurs casernes" et de réponses pour plus de justice sociale. Le 25 octobre 2019, 1,2 million de Chiliens manifestent à Santiago. Les jours suivants, le couvre-feu est suspendu, l’état d’urgence est levé et le gouvernement est largement remanié.
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