Allemagne : le soleil se lève à l'est ?
Opération plutôt réussie aussi en Allemagne. La libéralisation a, elle, débuté en 1994. Contrairement à ce qui s'est passé dans la botte italienne, la Deutsche Bahn est parvenue à se maintenir sur les LGV (lignes à grande vitesse). Elle y est en quasi monopole. Ce sont donc les lignes régionales qui ont principalement été ouvertes à la concurrence. 450 opérateurs privés se partagent le réseau. Soit... 25% du total du trafic des voyageurs.
La libéralisation s'est plutôt bien déroulée, mais l’État fédéral allemand (et donc le secteur public) ne laisse pas tout se gérer par le Saint-Esprit libéral des caténaires. Environ 8 milliards d’euros sont versés chaque année aux régions pour administrer au mieux le transport ferroviaire (qu’il soit public ou privé). Dans cet article de l'association française du rail (partisan d'une libéralisation du rail français), il ressort que la satisfaction des gens, la ponctualité et la fréquentation se portent plus que bien outre-Rhin.
En Allemagne, ce sont les régions qui attribuent les lignes. Elles s'occupent aussi des appels d’offre. Mais la Deutsche Bahn, opérateur historique, veille au grain. Elle continue à gérer gares et voies. Quelques-uns y voient un caillou dans la mécanique de libéralisation… Car ce sont au final les sociétés privées qui doivent demander à leur concurrent public (et à son bon vouloir) de permettre d’ouvrir les lignes convoitées.
Royaume-Uni: Last train to London?
C’est à une libéralisation presque débridée à laquelle ont assisté nos voisins d’outre-Manche. La privatisation a eu lieu en 1994. Après avoir essuyé les plâtres et avoir fait face à grand nombre d’accidents et de déraillements au début des années 2000 (plus de cinquante décès ont été à déplorer en seulement 4 ans), le rail anglais est toujours très critiqué. La maintenance du réseau est gérée par Network Rail, société privée, mais dont l'Etat est actionnaire.
Vingt-cinq compagnies se partagent le réseau ferré. Les tarifs auraient explosé (voir cependant le chapitre sur les prix du billet), et le mécontentement gronde. Le modèle anglais est souvent pointé du doigt en tant que contre-exemple d'une privatisation réussie. Pourtant, côté fréquentation, celle du chemin de fer british a... presque doublé ! Qu'à cela ne tienne, certains, comme Jeremy Corbyn, le chef du parti travailliste (gauche) estiment que le rail est sur une voie de garage. Et préconisent une re-nationalisation (comme nous le fait entendre ce reportage sonore de nos confrères de France Inter).