L'aviation civile égyptienne, après avoir fait état de 29 vols vendredi, a finalement indiqué que seuls huit seraient autorisés à rapatrier dans la journée les Britanniques de Charm el-Cheikh, la cité balnéaire d'où avait décollé l'avion russe avant le crash dont le groupe jihadiste Etat islamique (EI) s'est dit responsable.
"Les compagnies aériennes britanniques ont choisi de n'autoriser les passagers à prendre que leurs bagages à main" mais "les aires de stockage de l'aéroport ne permettent pas d'accueillir plus de 120 tonnes de bagages", a expliqué le ministère de l'Aviation civile dans un communiqué. "Cet important volume de bagages (restés en souffrance) affecterait le bon écoulement du trafic aérien national et international".
Mais l'une des compagnies britanniques censées ramener les quelque 20 000 vacanciers, EasyJet, a affirmé que les autorités égyptiennes avaient suspendu les atterrissages de 8 de ses 10 vols prévus vendredi. Les autres compagnies britanniques Monarch (cinq vols) et British Airways (un vol) n'ont pas évoqué ces restrictions.
Des premiers rapatriement
L'opération de rapatriement des touristes britanniques a commencé vendredi avec le décollage d'un premier avion de Charm el-Cheikh, six jours après le crash d'un avion russe en Egypte pour lequel la thèse de l'attentat à la bombe semble de plus en plus probable.
Après une longue attente sur la piste, le premier avion rapatriant les Britanniques depuis le crash a décollé, a annoncé un responsable de l'aéroport. Le vol EZY9854 d'EasyJet a décollé avec 165 ou 166 passagers à bord, à 13H20 (11H20 GMT). Un second appareil d'EasyJet était sur le point de décoller, selon lui. Il devrait atterrir à Luton, au nord de Londres.
Une foule de touristes britanniques ont afflué dès le matin à l'aéroport de Charm el-Cheikh cherchant un vol. Selon Londres, seuls les bagages à main sont autorisés sur les vols affrétés pour les rapatrier.
Présent dans le hall des départs, l'ambassadeur de Grande-Bretagne John Casson a été interpellé par des touristes fatigués et frustrés, criant dans la cohue : "Quand allons-nous rentrer chez nous ?" "Pourquoi personne ne nous parle ?".
Illustrant la nervosité des compagnies aériennes, la néerlandaise KLM a interdit "par précaution" les bagages en soute sur son vol Le Caire-Amsterdam vendredi, après que Londres et Washington ont ouvertement évoqué la piste d'une bombe à bord de l'Airbus A321 de la compagnie russe Metrojet qui a explosé en vol avec ses 224 occupants dans le Sinaï le 31 octobre.
"Sécurité déplorable"
"C'est certain, le Premier ministre David Cameron a pris la bonne décision, je suis ravie que la sécurité des citoyens soit la priorité. Quand on est arrivé à Charm, la sécurité était déplorable", a dit Donna Conway, 49 ans, qui attend depuis mercredi de pouvoir quitter Charm el-Cheikh. "On était venu hier déjà mais il n'y avait pas de vol (...)".
Des centaines de touristes russes patientaient eux aussi dans des files d'attente au milieu de leurs bagages devant les comptoirs d'embarquement des compagnies russes.
Plusieurs compagnies étrangères ont suspendu leurs vols vers et en provenance de Charm el-Cheikh alors que la France et la Belgique ont "déconseillé" à leurs ressortissants de s'y rendre, après les déclarations jugeant probable la thèse de l'attentat.
Thèse de l'attentat
"Je pense qu'il existe une possibilité qu'il y ait eu une bombe à bord (de l'avion russe) et nous prenons cette piste très au sérieux", a déclaré jeudi le président américain Barack Obama, tout en soulignant qu'il n'y avait à ce stade aucune certitude.
A Londres, où le président égyptien Al-Sissi achève vendredi une visite officielle, M. Cameron a quant à lui évoqué des renseignements indiquant qu'il était "plus que probable qu'il s'agisse d'une bombe terroriste".
Selon la presse britannique, des conversations électroniques ont été examinées par des agents de renseignements britanniques et américains qui laissent entendre qu'une bombe a pu être placée dans l'appareil.
"Les enquêteurs britanniques cherchant la cause du crash de l'avion de ligne russe croient qu'une bombe a été mise dans la soute avant le décollage", avance la BBC.
Mais Le Caire a mis en garde contre des conclusions prématurées sur les raisons du crash, les enquêteurs n'ayant "pas encore de preuve ni de données confirmant l'hypothèse" d'une bombe. Les données de l'une des deux boîtes noires, celle des paramètres de vol, ont été extraites mais celle contenant les conversations de l'équipage, endommagée, demandera beaucoup de travail.
A Moscou, le porte-parole du Kremlin a affirmé que Londres ne leur avait pas communiqué les données lui permettant de conclure à un attentat. "Nous ne savons pas sur quelles données nos collègues britanniques se basent".
L'Airbus A321 s'était écrasé 23 minutes après avoir décollé. Les recherches se poursuivent pour retrouver les derniers corps et des indices éparpillés sur une vaste zone du désert du Sinaï.
Même si les causes du crash ne sont pas encore fermement établies, ce drame porte un nouveau coup dur au tourisme en Egypte déjà affecté par des années d'instabilité.