Tout d'abord et avant tout, le bourgmestre de Saint-Gilles appelle à se serrer les coudes entre adversaires politiques dans le contexte que nous connaissons. "Il faut éviter les querelles politiques au moment de se mobiliser et mettre en place un vrai programme d’investissements", estime-t-il. Un appel qui résonne en écho de celui lancé par le Premier ministre Charles Michel (MR) qui appelait à "dépasser les clivages entre majorité et opposition" dans la lutte contre le terrorisme.
Mais Charles Picqué invite également à aller au-delà du temps politique pour voir plus loin. "Ce qui s’est passé a peut-être le mérite de nous obliger à nous inscrire dans le long terme, pour restaurer la confiance après plusieurs événements traumatisants : des émeutes dans certains quartiers, la tuerie de Liège.... enfin, la litanie est longue" puisqu'on peut notamment y ajouter l'attaque du Musée juif de Bruxelles.
Mais cet appel à l'union politique se craquelle vite, dans le chef même de son auteur, même si personne en particulier n'est explicitement montré du doigt.
"Avant que nous nous entendions, on diminuait les moyens des services de sécurité et de la police dont une réduction des moyens a encore été décidée il y a peu (par la coalition suédoise, NDLR). On voit que les politiques de la ville que j’avais initiées avec d’autres ont été réduites dans leurs moyens aussi. Il a fallu se battre, il y a peu, pour la protection des moyens consacrés à l’encadrement différencié dans les écoles difficiles". "J'enrage", résume le Bruxellois.
"Investir dans la police, le renseignement, les prisons..."
Mais au-delà de ce catalogue de ce qu'il n'aurait pas fallu faire, que préconise l'ancien Ministre-président de la région bruxelloise?
"Il faut certainement investir dans la police, dans le renseignement, dans les prisons. Le radicalisme est dans les prisons, il faut des accompagnateurs pour contrer ce phénomène", avance-t-il, assumant une approche résolument sécuritaire bien qu'intégrée à un plan plus global. "On ne va peut-être pas rattraper tout le monde", mais si un accompagnateur, un éducateur qui fasse que les séjours en prison ne soient pas des antichambres de la radicalisation, il faut le faire, estime notre invité.
Ensuite, l'élu socialiste souhaite "des mesures de protection de certaines cibles. Il faut recourir aux forces armées pour protéger certaines institutions cibles. Cela peut-être des équipes mixtes police-armée avec des militaires spécialement formés pour cela. Si on ne le fait pas maintenant, on ne le fera jamais".
Au-delà de ces mesures, "il faut agir dans les réseaux sociaux", exhorte-t-il. "Vous avez vu cette capacité de mobilisation, tout à fait maléfique sur les réseaux sociaux?", interroge-t-il.
En outre, celui qui est bourgmestre depuis bientôt trente ans, insiste sur le fait qu'il faille "un soutien aux pouvoirs locaux". Il explique cette revendication par le fait que c'est au niveau local "que l’on constate le plus rapidement les problèmes, c'est là que les premiers pas de l’accompagnement de quelqu'un en dérive se font".
Et enfin, "il faut évidemment investir dans l’éducation", lance-t-il sans développer plus avant ce point. "Donc, il faut une vision globale", conclut-il.