Belgique

Charles Michel dénonce le "conservatisme de gauche"

Charles Michel (MR) était l'invité de l'Indiscret

© RTBF

Par Thomas Nagant

A l’avant-veille d’un contrôle budgétaire qui alourdira encore l’ardoise des économies à réaliser Charles Michel, le président du Mouvement réformateur, hisse déjà ses couleurs: "On va batailler fort au sein du gouvernement pour faire en sorte que d’abord on resserre la ceinture du fonctionnement de l’Etat pour épargner autant que possible les contribuables, les personnes qui travaillent". Pas question non plus d’amputer le pouvoir d’achat en touchant à la TVA, une mesure "très inéquitable", dit-il. Qui plus est la TVA dans notre pays "est déjà en moyenne de deux points supérieure à tous les pays qui nous entourent", rappelle-t-il.

Charles Michel préfère donc la voie des économies dans le train de vie de l’Etat ; et il dénonce "un certain conservatisme de gauche". "Je pense qu’on peut aller encore plus loin en termes d’économies dans le fonctionnement des institutions. Si je prends la carte de la Wallonie par exemple, dans le secteur du transport, il y a 87 administrateurs, six structures de transports publics en Wallonie. Si je regarde la situation à Paris, avec dix fois plus de voyageurs, il y a 80 administrateurs en moins et une seule structure pour gérer l’ensemble de la RATP". 

Réduire encore le train de vie de l'Etat

Pas de distinction à faire entre niveau fédéral et niveau régional, selon Charles Michel, car la Belgique constitue une seule entité aux yeux de l’Europe sur le plan des finances publiques. "Mais parlons de l’Etat fédéral. Il nous semble à nous que l’on peut prendre des décisions par exemple en termes d’échelonnement des recrutements de certains fonctionnaires pour remplacer les départs à la retraite". Le président du MR souhaite aussi que l’on opère un "screening précis" des subsides facultatifs que l’Etat verse à diverses organisations ou consacre à une série d’événements. De même, certaines dotations aux entreprises publiques pourraient être rééchelonnées, selon lui. "Moi je préfère faire ces choix-là qui ne touchent pas à la qualité des services publics mais qui ont l’avantage de protéger autant que possible les contribuables, les personnes qui travaillent". Car Charles Michel veut éviter que, dans les mois qui viennent et au plan européen, on tue la croissance. Il ne faut pas, dit-il, "matraquer celles et ceux qui travaillent ou qui veulent travailler".

Taxe sur les transactions financières

Côté recettes, Charles Michel répète son credo en faveur d’une taxation "de la haute spéculation financière". "Il y a un élément neuf", souligne-t-il : "en quelques semaines on a réussi dans le débat européen à faire avancer des décisions pour plus de gouvernance sur le plan budgétaire, pour plus d’intégration sur le plan budgétaire. Je souhaiterais que notre Premier ministre et notre ministre des Finances puissent, aux côtés  du président français Nicolas Sarkozy, qui a pris attitude de manière très claire par rapport à ça, batailler pour que très vite il y ait sur le plan européen des décisions, pas seulement des discours, pour taxer la haute spéculation financière, ce qui pourrait rapatrier dans les caisses des Etats européens des moyens qui sont bien nécessaires pour réduire les déficits".

"Le moment ou jamais" de faire des réformes

Le patron des libéraux revient aussi sur la grève générale qui a paralysé la Belgique le 30 janvier dernier. "C’est choquant de voir qu’une certaine gauche arrogante fait en permanence la leçon et en même temps utilise des moyens complètement disproportionnés" assène-t-il. "C’est un droit de faire grève, que nous respectons, mais c’est aussi un droit que de travailler et nous demandons le respect pour la liberté de travailler. Moi je suis choqué lorsque je vois que l’on bloque des entreprise, que l’on bloque des parcs d’activité économique…". Il dénonce encore "une forme de conservatisme ancré à gauche" dans le chef de certains responsables syndicaux. "La Wallonie depuis des années maintenant souffre de ce conservatisme qui empêche de faire les réformes structurelles, or c’est le moment où jamais", souffle le brabançon wallon.

Charles Michel dit entendre "la cacophonie à l’intérieur du PS sur la situation de la Wallonie". Il rappelle qu’il avait quatre ans lorsque le PS a pris le pouvoir en Wallonie. "Ça fait plus de trente ans d’un pouvoir absolu du socialisme en Wallonie avec des résultats qui ne sont pas à la hauteur, c’est le moins que l’on puisse dire… ". Pour se "resaisir", dit-il, "il faut prendre des décisions et pas seulement annoncer par voie de communications sur fond de disputes à l’intérieur du gouvernement". Ce qu’il faut faire, glisse-t-il, c’est miser sur la qualité de la formation et sur l’innovation. Autre réforme "capitale" selon lui, une simplification administrative vers plus de transparence et d’efficacité, mais aussi de dépolitisation.

"Le MR souhaite mettre en œuvre" la réforme de l’Etat car "c’est une bonne réforme", souligne encore Charles Michel, qui estime cependant que, "dans un monde idéal", il faudrait d’abord des élections qui puissent permettre aux citoyens de "connaître les positions de chacun des partis avant que les transferts soient opérés". De là à penser que le MR pourrait, comme certains l'en soupçonnent, jouer la montre ? "Un débat plus virtuel que réel", se contente de répondre son président.

T.N.

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