Charles Kaisin a grandi dans une famille qu’il qualifie de "bienveillante" à la campagne, dans un village situé entre Charleroi et Namur. Un père qui a un lien fort à la terre et une mère un peu excentrique lui ont donné le goût des matières et de la liberté, soit un terreau fertile pour devenir designer, un terme qu’il revendique car il permet à la fois de toucher à l’architecture, aux paysages, à l’art de la table, de la scène et… aux objets !
Charles Kaisin recense plusieurs sortes d’objets qui nous entourent au quotidien. En premier lieu il y a les objets fonctionnels, un verre par exemple, qui facilite le fait de boire. Viennent ensuite les objets liés à la distinction sociale. Pour garder l’exemple du verre, un verre en cristal qui en trinquant va produire un son donne une autre dimension aux relations humaines, dès lors cet objet est lié à la culture, aux marques, à l’ensemble des codes culturelles et parfois cultuelles qui nous entourent et créent la société. Enfin, la troisième catégorie d’objets porte en eux-mêmes une dimension d’identification, c’est le pull que notre grand-mère nous a tricoté dans l’enfance et qui ne va plus avoir de valeur tellement il en a. Charles Kaisin affectionne particulièrement cette troisième catégorie. "J’aime qu’il y ait un lien entre l’identification et la personnalité des personnes qui vont acheter ou utiliser un objet que j’ai créé et vont en quelque sorte l’apprivoiser", confie le designer qui essaie d’explorer le plus possible ce registre dans ses créations. Quand il crée, Charles Kaisin commence à partir du thème choisi un processus de recherches. "Il y a l’idée de plonger dans l’histoire par différentes facettes pour aborder mon thème", explique-t-il. Le designer ne cesse d’ailleurs tout au long de la discussion de rappeler le rôle fondamental de l’école dans l’éducation du regard par la mise en place d’un référentiel. Il nous fait part d’une conviction :
La culture est ce qui nous reste quand on a tout oublié. Quand on a tout oublié on n’a plus rien mais la culture n’est pas une affaire de connaissances, c’est une question de compréhension.