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Charleroi : des destinations plus lointaines désormais accessibles grâce à une piste plus longue.

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Par Nicolas Rondelez

30 mois de travaux, 39 millions d’euros d’investissement, pour une piste portée de 2550 à 3200 mètres de longs. Ajoutant à cela de nouveaux espaces de parking et de dégivrage pour les avions et un bassin d’orages capable d’absorber les pires intempéries. Voilà l’outil qui permettra à l’aéroport de Gosselies, le BSCA, Brussels South Charleroi Airport, d’accueillir dorénavant des compagnies aériennes qui proposeront des vols long-courriers au départ de Charleroi. Jusqu’à présent, seule la compagnie belge Air Belgium proposait au départ de Gosselies des vols de longue distance vers les Caraïbes avec la Martinique, la Guadeloupe et Puerto Rico et vers l’Océan Indien avec l’Ile Maurice.

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Enjeux économiques contre enjeux environnementaux

Mais est-il cohérent pour la Wallonie qui a un programme ambitieux de réduction des émissions de gaz à effet de serre d’investir dans tel outil destiné au transport aérien, sérieusement mis en question par rapport à ces émissions. La réponse est sans équivoque pour Jean-Luc Crucke, ministre wallon en charge des aéroports : "Autour des aéroports se développe une activité économique primordiale. Ici à proximité, outre l’agrandissement progressif du Biopark, il est d’ailleurs prévu de créer une entreprise de démantèlement, de recyclage des avions en fin de parcours. C’est clair, selon moi, que l’avenir de l’aviation consacrée aux courtes distances va être remis en question. Ces courtes distances seront concurrencées par le chemin de fer. Mais les longues distances, elles, ne vont pas disparaître. On ne pourra pas construire des lignes de trains par-dessus les océans. Et il va y avoir des sauts technologiques. Airbus, ce n’est pas rien, quand même. La société aéronautique annonce la création d’avions hybrides à l’hydrogène, sans émission de CO2, donc, à l’horizon 2035. A l’échelle industrielle, c’est demain. Doter aujourd’hui Charleroi et la Wallonie d’un outil qui puisse répondre à cette offre, c’est être en avance sur ce timing".

© Jean-Marc Moors

La petite voix dissonante

Pour l’inauguration de l’allongement de la piste de l’aéroport, l’aréopage est impressionnant : Jean-Luc Crucke, bien sûr. Philippe Verdonck, directeur de l’aéroport et Gilles Samyn, président du conseil d’administration. Jean-Jacques Cloquet qui a fait grandir et prospérer le BSCA… Mais aussi et de manière non exhaustive Rachel Sobry, Olivier Chastel, Nicolas Tsanétatos, Caroline Taquin… pour le MR. Virginie Gonzales, Babette Jeandrain, Thomas Parmentier, Laurence Leclercq, Alicia Monard… pour le PS. René Collin, ancien ministre en charge des aéroports et Eric Goffart, pour le cdH. Le Gouverneur du Hainaut, Tommy Leclercq. Et à quelques centaines de mètres de là, au bord de la route, un papa, seul, venu placé une affiche réalisée avec son fils de neuf ans, contre la politique du tout à l’avion : "Avant d’embarquer mon fils pour l’école, nous avions parlé du climat et du travail de conscientisation qui allait probablement se faire aujourd’hui dans celle-ci. Nous avions participé déjà à plusieurs manifestations pour le climat. En entendant ce matin, sur vos ondes, l’annonce de l’inauguration de l’allongement de la piste de décollage et d’atterrissage de l’aéroport de "Brussel south". […] beaucoup d’entre nous se sentent floués et trahis par ceux la même qui ont été élus pour nous garantir un avenir… de vivants ! Je sais le bonheur intense que procurent les voyages, je déteste être un rabat-joie, mais je demande à tous de jouer de solidarité. […] Nos jeunes aujourd’hui cherchent un capitaine pour retrouver l’espoir et sont prêts à beaucoup de concessions pour autant qu’un message clair vienne de nos dirigeants pour leur dire comment ne plus rejeter aujourd’hui dans l’air ces gaz qui détruisent leur avenir. […] Voyageons autrement ! Que du bonheur dans la cohérence. Voilà ce que je voulais partager comme citoyen bien ordinaire mais, certes, en colère !"

Un outil qui doit pourtant servir à la relance de l’aéroport

L’aéroport va mal. Ses deux actionnaires principaux, la région wallonne et la société italienne Save, gestionnaire également de l’aéroport de Venise, ont dû s’accorder récemment sur une recapitalisation de Gosselies à hauteur de 40 millions d’euros. Des discussions sont en court, aussi, entre la direction et les syndicats, en vue faire des économies nécessaires. Le but est de réduire la charge salariale en diminuant le temps de travail des employés ou en réduisant les salaires. Une première réunion, dans une ambiance positive et constructive aux dires de représentants des deux parties, s’est tenue hier, à ce sujet. Gilles Samyn, tout frais président du Conseil d’Administration de l’aéroport de Charleroi le souligne et précise que certains contacts ont lieu avec des compagnies afin de développer, au départ de Charleroi, des vols long-courrier : "Ce sont des discussions qui ont été lancées avant la crise sanitaire. Depuis lors, ces compagnies ont dû interrompre une large part de leur activité. Mais elles reprennent peu à peu. A l’horizon 2023 ou 2024, nous devrions voir des compagnies aériennes s’installer à Charleroi. Il est trop tôt pour citer des noms, mais il y a des compagnies qui opèrent notamment vers le Moyen-Orient et l’Asie". Le ministre Crucke évoquait, lui, le Québec et les Etats-Unis. Plus de compagnies, plus de destinations, plus de voyageurs, à Charleroi.

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