A côté de ce témoignage qui illustre des cas de fraude, il y aussi "les vrais malades", celles et ceux qui font appel, à juste titre, à leur pot de congé de maladie.
C'est le cas de Pierre Evrard. Nous le rencontrons chez lui à Bouge, sur les hauteurs de Namur. Âgé de 62 ans, il est prépensionné depuis 3 ans. Il connait bien le monde de l'enseignement. Il a travaillé près de 40 ans comme professeur puis directeur d'école. Un métier qu'il a adoré sauf la dernière année qui fut celle de trop. Surcharge de travail, épuisement, il se souvient : "J’ai bien senti que le 1er septembre, je n’aurais pas pu reprendre une année sereine et en pleine capacité. J’ai fait valoir mes droits à mon pot de congés". Pierre a alors bénéficié de huit mois de congés de maladie. Des congés accumulés au cours de sa carrière et qui lui ont permis de bénéficier de l’entièreté de sa rémunération. "J’ai bénéficié de cette aide-là, de cette opportunité-là. C’est assez délicat à dire parce que c’est un droit, c’est vrai, mais quand on est malade", précise Pierre un peu gêné. Car il est bien conscient que ce régime fait des envieux. "Avec ou sans ce pot de congés, je me serais de toute façon arrêté car à ce moment-là, il fallait que je puisse décompresser complétement, m'isoler, et pendant quelques mois, voir les choses d'une manière totalement différente", ajoute-t-il.
Une situation qu'a bien connu Thierry Bernard pendant ses longues années comme directeur d'école à Namur. Dans son bureau, il a vu défiler des collègues au bout du rouleau. "En tant que directeur, quand on vous ramène un certificat médical, de quel droit allez-vous contester ? Et puis, je pense que quand on passe aussi toute la journée, toute la semaine, avec des petits bouts de maternelle, de primaire, avec 20, 22 ou 24 petits gaillards, je pense qu’il y a une certaine usure, une certaine démotivation. Ce que je peux comprendre".