Championnat d’Europe : l’athlétisme belge sera au rendez-vous

Elle a donc décidé d’innover. Pour la première fois, Nafi Thiam va enchaîner en un mois deux heptathlons. Après son titre mondial conquis à Eugene, elle est à Munich pour confirmer son hégémonie sur la discipline. Confiante et en forme, Nafi (championne d’Europe en titre) aura, comme à Eugene, les mêmes adversaires. La Néerlandaise Anouk Vetter (argent au CM), la Polonaise Sulek (4e au CM) et Noor Vidts (5e au CM). Avec les retours de Schäfer et Dadic, il y aura donc du niveau et rien n’est jamais acquis en heptathlon.

Sur 400m, Kevin Borlée (vice-champion d’Europe il y a 4 ans) est toujours là. Avec un Dylan libéré à ses côtés et le champion de Belgique Alexander Doom, tous les espoirs sont permis. Un nouveau podium est dans l’ordre du possible pour le capitaine de route des " Tornados ". Un 4x4 plus que jamais favori de " son " championnat d’Europe. Médaillés d’or en 2012, 2016 et 2018 les hommes de Jacques Borlée sont gonflés à bloc après leur médaille de bronze mondiale il y a un mois. Un quatrième titre est dans les cordes du quatuor qui retrouve Jonathan Borlée, de retour de blessure.

Chez les filles la chance de décrocher une première médaille internationale est réelle. Sixièmes au mondial les " Cheetahs " vont pouvoir compter sur les retours en forme de Hanne Claes (400 haies) et surtout de Cynthia Bolingo. Absente pour blessure à répétition des JO, du mondial indoor et du mondial outdoor il y a un mois, Cynthia a les crocs. Présente en individuel, on attend son apport en relais avec impatience. Ses récentes courses attestent de sa vitesse retrouvée. Seul point d’interrogation : aura-t-elle de suite la capacité d’enchaîner les courses ?

Ben Broeders à la perche est candidat au podium après sa 11e place décevante du mondial, Isaac Kimeli (sur 5 et 10.000m) est capable de s’y hisser également. Koen Naert défendra son titre sur marathon et est bien décidé à remettre le couvert. Dans un grand jour Julien Watrin (400 haies) pourrait y croire. La Montoise Elise Vanderelst, championne d’Europe en salle (Torun en 2021), fait partie des outsiders sur 1500m, à condition de retrouver son meilleur niveau.

Et qu’attendre de Delphine Nkansa. Apparue récemment dans la galaxie du sprint belge, la jeune fille originaire de Sambreville était inconnue chez nous il y a encore 3 mois. A 20 ans, la voilà championne de Belgique du 200, et vice championne du 100m. En claquant sur l’hectomètre il y a quelques semaines le 2e chrono belge de l’histoire derrière Kim Gevaert.

Delphine, tout sourire, découvre les yeux grands ouverts, son premier grand championnat, croise Nafi Thiam dans les couloirs sans trop oser y croire. Sa vie était au Portugal (où vivent ses parents) depuis son plus jeune âge. Puis à Paris, où elle étudie le droit. Mais son cœur est belge.

Sa joie de nous décrire tout ce qui lui arrive démontre son amour du pays, de l’athlé et de la compétition. Retenons donc bien ce nom. Sur 200m notamment. Une course qu’elle vient de découvrir et dont elle est tombée amoureuse. Si elle évite la pression, Delphine nous apportera de belles surprises, on en est persuadé. Et pourquoi pas déjà ici à Munich ? Dans le stade qui, il y a 20 ans, a accueilli les premières médailles internationales sur 100 et 200m (argent) d’une certaine Kim Gevaert.

Retour aux affaires aussi pour les relais 4x100. Pour la première fois de l’histoire la Belgique présentera 4 relais dans un championnat. Dont les deux relais courts. Chez les hommes, les " Belgian Falcons " emmenés par Kobe Vleminckx seront à la recherche d’expérience. Histoire de se donner le droit de rêver aux prochains JO. Pareil pour les dames qui se sont trouvé un petit nom. Les " Belgian Rockets ". Le poids de l’histoire pèsera-t-il sur les filles emmenées par Rani Rosius et Delphine Nkansa ? Il y a 20 ans, le relais belge avec Kim Gevaert décrochait à l’Euro de Munich une prometteuse 4e place avant de connaître son apogée 6 ans plus tard aux Jeux de Pékin. On leur souhaite la même destinée.

Comment enfin ne pas évoquer le retour (8 ans après son dernier Euro à Zurich) de Tarik Moukrime. Le Verviétois, victime d’un cancer en 2015, s’est battu corps et âme. Contre la maladie, contre les découragements permanents. Entouré des siens, perdant tous ses soutiens (contrat, sponsors…), il n’a pourtant jamais cessé de croire qu’il pourrait recourir un jour.

Tarik n’a jamais perdu son âme de compétiteur. Proche plus d’une fois de l’abandon, travaillant dans la boucherie familiale pour gagner sa croûte. Il est là… en mission comme il dit. Et avant de courir son 1500m ce lundi, il a déjà tout gagné. Les larmes de joie de ses parents et de son épouse à l’annonce de sa sélection, la fierté de toute la communauté de l’athlé de le voir au rendez-vous européen après tant de douleurs, de doutes. Et surtout il a gagné notre respect éternel. Celui qui nous fait nous incliner devant tant de détermination. Une leçon de vie appelée Tarik.