Belgique

Cet ingénieur met à la disposition des commerces non-essentiels une appli qui permet au client d'obtenir leur rendez-vous devant la porte d'entrée

Young woman looking at phone outside shop window

© Tony Anderson

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Par Jean-François Noulet

Depuis vendredi soir, 22 heures, les règles d’accès ont changé pour toute une série de commerces en Belgique. Les commerces qui ne sont pas considérés comme "essentiels" sont fermés ou ne sont accessibles qu’à certaines conditions strictes. 

Soit les clients commandent la marchandise et viennent l’emporter sans entrer dans le magasin. 

Soit ils optent pour un rendez-vous, lorsque le commerce le prévoit. 

Dans ce cas, le client bénéficie d’un moment de shopping pendant trente minutes. Les commerçants doivent s’organiser pour gérer la prise de rendez-vous. Un ingénieur informaticien met à leur disposition une application pour donner des rendez-vous instantanément.

Les galeries commerçantes s’organisent

Nos équipes sont allées observer comment ces règles étaient vécues sur le terrain. Comment les galeries marchandes et les centres commerciaux parviennent-ils à gérer cette nouvelle donne ?

Ce samedi, dans le centre commercial "Belle-île", à Angleur, près de Liège, ce n’était pas la grande foule. Ici, pour effectuer des achats, les clients étaient invités à s’inscrire au préalable sur le site de la galerie marchande. Comme l’explique Julie Monard, assistante de direction de Belle-île. "Nous avons, à l’heure actuelle 104 magasins à Belle-Île, dont 70 sont ouverts. Pour venir faire ses achats en toute tranquillité, nous avons mis en place une plateforme sur notre site internet où le client peut prendre rendez-vous pour faire ses achats en toute sécurité. S’il ne souhaite pas anticiper ses achats, il peut venir sur place et s’inscrire devant le magasin souhaité pour faire ses achats."

Ce matin, les clients étaient encore assez peu nombreux. Même les commerces essentiels, dans lesquels l’accès libre est toujours possible, il faisait calme. "Il y a peu de monde ce matin. Il faut le temps que les gens sachent que c’est sans rendez-vous et que la galerie est accessible facilement pour tous les commerces, avec et sans rendez-vous", explique la responsable d’un magasin de cosmétiques.

Les quelques clients, eux, semblaient satisfaits du système. "C’est assez calme, on en a profité un peu", explique une cliente venue se promener et regarder.

Dans le centre-ville de Mons, c’était plutôt calme

Nos équipes se sont aussi rendues dans le centre-ville de Mons ce samedi matin. Là aussi, les clients étaient assez peu nombreux. Une commerçante témoigne : "Depuis ce matin, il n’y a personne. On a reçu un client dans la journée, juste pour faire un tour en magasin", explique-t-elle, alors que sa boutique pourrait accueillir 10 personnes à la fois. L’atmosphère générale, les fermetures à répétition ont changé les habitudes des clients. "On essaye d’être ouverts, d’être là pour tout le monde, mais je pense que c’est très dur pour l’instant. Déjà la semaine, c’est calme", explique une vendeuse. "Les gens craignent le Covid. Cela fait plusieurs mois que ça dure et que ça traîne. Les clients ne sortent plus comme avant", explique une autre vendeuse.

Dans ce contexte, certaines enseignes ont choisi de fermer leurs portes. Les autres devront s’armer de patience

Des solutions pour gérer la prise de rendez-vous

On l’a dit, pour les commerces non-essentiels, la seule possibilité de venir en magasin est de prendre rendez-vous. C’est dans ce contexte, qu’à côté de l’offre existante d’applications et de sites, souvent payants pour les commerçants qui permettent de gérer la prise de rendez-vous, qu’un ingénieur informaticien a eu l’idée d’une initiative citoyenne. 

En quelques heures, il a créé une application, baptisée "RDVessentiel" qui permet aux commerçants qui le souhaitent de donner un rendez-vous instantanément à un client qui passerait devant la boutique. "Le commerçant indique juste le nom de son commerce et il reçoit une page à imprimer à mettre sur le devant de sa porte qui comprend un QR code et, alternativement, un lien. Les gens qui disposent d’un smartphone peuvent arriver devant ce QR code ou taper le lien directement ou scanner le QR code et ils arrivent sur une petite page. La petite page leur dit, regardez devant vous, regardez dans le magasin. Est-ce qu’il n’y a pas trop de monde ? Est-ce que personne ne fait la file ? Est-ce qu’on vous dit de prendre rendez-vous ? A ce moment-là, ils cliquent sur le bouton et, instantanément, cela leur donne un rendez-vous pour maintenant là, tout de suite et jusque dans trente minutes", explique Guillaume Derval, le concepteur de l’application.

"L’idée, c’est que si vous allez lire l’Arrêté ministériel qui a été édité hier, il est marqué que la seule chose qui est nécessaire pour prendre un rendez-vous, c’est d’avoir une preuve apparemment écrite. Ils disent " muni d’une preuve " qui décrit la plage horaire à laquelle vous pouvez entrer. Donc, c’est vraiment le workflow qui simplifie le plus possible le respect de cette loi. On est bien d’accord que cela ne respecte pas tout à fait l’esprit, parce que j’imagine qu’ils voulaient parler de prendre des rendez-vous un peu plus à l’avance. Le fait est que c’est aussi un acte de désobéissance civile par excès de zèle. On a cet arrêté ministériel, on le respecte précisément à la lettre, mais on fait en sorte que les petits commerçants aient le moins de difficultés possible", poursuit Guillaume Derval.

Aucune donnée n’est stockée. "L’application ne stocke rien sur personne. Quand vous allez sur le site, je ne stocke pas que vous êtes venu. Je ne stocke pas la liste des magasins qui utilisent le site. Je ne stocke pas la liste des clients de ces magasins", explique Guillaume Derval.

Son application, Guillaume Derval l’a voulue gratuite et citoyenne. "C’est tout à fait gratuit, parce que c’est impossible à monétiser et ce n’est pas du tout le but. Cela m’a coûté quatre heures de temps hier soir et à peu près 9 euros pour acheter un nom de domaine. Cela ne m’a rien coûté et cela ne coûtera jamais rien à personne. C’est juste pour aider les petits commerçants qui en ont grandement besoin, apparemment", conclut-il.

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