Ce week-end, le journal Le Soir a retiré un reportage de son site après des commentaires virulents de la part d’anti-vaccins. L’article abordait le malaise du personnel des soins intensifs par rapport aux non-vaccinés. Or, l’épuisement des soignants est bien réel après plus d’un an de crise sanitaire. Celles et ceux qui espéraient souffler grâce à la vaccination voient leur espoir brisé. Les patients non-vaccinés occupent encore leurs services.
Au Chirec, Marine De Raeymaeker, infirmière aux soins intensifs, raconte le rituel qui précède l’entrée aux soins intensifs : enfiler des vêtements de protection, porter le masque, les gants. Et puis, à la sortie, s’en libérer. Et recommencer une autre fois, plusieurs fois par jour. Une procédure lourde et contraignante qui ne les a pas quittés.
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"J’ai chaud, je transpire à force de faire et refaire ça 8 heures par jour… On perd des kilos !" sourit l’infirmière. Cet après-midi, elle s’occupera, avec 5 collègues, d’un homme de 37 ans, inconscient. Il faudra le retourner sur le ventre pour permettre au sang de mieux circuler dans ses poumons. En tout, sept patients Covid comme lui occupent l’un des quinze lits disponibles du service. Aucun n’a été entièrement vacciné…
Au-delà de l’effort prodigué pour le soigner, la charge mentale est grande. "Ils ne réalisent pas la gravité de leur état. Et souvent, cela s’accompagne du réconfort des familles. "Je viens de consoler un fils, ce n’est pas toujours évident. Cela peut être parfois très dur et moralement épuisant de consoler des familles. On ne sait pas quoi dire, on reste sans voix".
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Au sein du même hôpital, Caroline Boucaut, l’infirmière en chef adjointe des soins intensifs embraie : "C’est frustrant ! La charge de travail et la fatigue sont là. Et ces patients restent très longtemps, parfois plusieurs semaines. C’est très fatigant de se dire qu’on ne sort pas de cette situation sanitaire."
La violence arrive jusqu’à l’intérieur des hôpitaux
D’autres services du pays connaissent la même frustration. L’article du Soir auquel nous faisions référence évoquait même une empathie vacillante envers les patients covid non-vaccinés au CHR de la Citadelle à Liège. Si l’article d’ailleurs a été éliminé, c’est que la décision a été prise d’un commun accord avec l’hôpital suite à une flambée de commentaires haineux. Antoine Gruselin, le porte-parole du CHR, en témoigne : "On constate que cette violence est là aux entrées de l’hôpital. Des vigiles se sont fait frapper, des étudiants ont été agressés verbalement. La violence vient de l’extérieur, mais elle arrive de plus en plus à l’intérieur. Pourtant, notre rôle en tant qu’hôpital est de soigner, pas de se défendre !".
À Liège ou à Bruxelles, d’ailleurs, le personnel insiste : ils continueront de soigner du mieux qu’ils peuvent tous les patients, quel que soit leur choix. Pour eux, mais aussi pour leurs proches.