Ce vendredi, c’est la ministre wallonne de l’environnement, Céline Tellier qui était l’invitée de Matin Première. En vue de la semaine de l’arbre, elle s’exprime sur la volonté du Gouvernement du sud du pays de planter 4000 kilomètres de haies ou 1 million d’arbres avant la fin de la législature. Elle fait aussi le point sur les ambitions wallonnes en matière de développement durable.
Distribution d’arbres dans les communes, plantations, promotion de la biodiversité sont au menu de cette désormais traditionnelle semaine de l’arbre édition 2020. En pleine deuxième vague de l’épidémie de coronavirus, pas d’annulation prévue pour cet événement annuel qui débute ce week-end et se poursuivra toute la semaine prochaine. Pour Céline Tellier, un lien évident existe entre la promotion de la biodiversité et la situation sanitaire actuelle.
Planter des arbres, prioritaire face à la crise sanitaire ?
"Je pense que la première leçon que nous pouvons tirer c’est le lien très fort entre l’érosion de la biodiversité et l’augmentation de ces pandémies. On sait qu’Ebola, le virus du sida, le SARS dont est issu le coronavirus ont tous comme point commun d’être issu d’une dégradation de la biodiversité", explique-t-elle. Selon la ministre, l’enjeu est de prendre conscience de ces liens, d’abord pour pouvoir "poser des actions pour améliorer notre résilience face à ses enjeux".
Pourtant, sur les 4000 kilomètres voulus par la Wallonie depuis le début de la législature, la plateforme internet Yes we plant ne recense à l’heure qu’il est que 175 kilomètres. Va-t-il falloir que le gouvernement wallon passe la seconde pour espérer être à la hauteur de ses ambitions ? "Le compteur actuellement c’est l’ensemble des personnes qui ont demandé une subvention en un an. On est déjà au-dessus de ce qui avait été fait sous la précédente législature, c’était 110 kilomètres en 3 ans. Notre objectif il est extrêmement ambitieux donc on a mobilisé énormément d’acteurs, les entreprises, les agriculteurs, les communes, … Ils ont tous répondu à l’appel et je m’en réjouis pour planter avec nous", relativise-t-elle.
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Mais la volonté de planter un maximum d’arbres est toujours la même et la ministre responsable invite d’ailleurs toute personne intéressée à "participer aussi". "C’est un peu notre assurance vie pour demain d’assurer cette biodiversité", plaide-t-elle. D’autant que pour atteindre ses objectifs, la région n’hésite pas à investir : "On a triplé les budgets cette année-ci, on va augmenter encore le budget global. Donc pour un arbre fruitier, vous receviez auparavant 12 euros, vous en recevrez aujourd’hui 25. On a vraiment un signal économique auprès du citoyen pour l’encourager à planter."
Toutefois, la ministre écologiste se réjouit de l’engouement, notamment lors du premier confinement, autour de la biodiversité et des jardins. "On a vu l’engagement des gens, l’engagement pour retrouver la nature. C’est un peu la seule activité que nous pouvons faire pour le moment donc profitons-en", insiste-t-elle encore. Par ailleurs, elle promet que les distributions d’arbres qui débuteront ce week-end seront organisées "dans le respect des mesures sanitaires".
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Rendre pérenne le succès des circuits courts observé en confinement
Parmi les autres batailles de la Wallonie en matière d’environnement : les circuits courts. La ministre en charge de cette matière a lancé récemment un appel à projet visant à financer une dizaine de projets de relocalisation de l’alimentation. "Cet appel a eu un très grand succès, nous avons reçu 144 projets que nous sommes en train d’analyser", se félicite Céline Tellier.
"Cela montre vraiment qu’il y a un engouement très fort pour ces circuits courts en tant que citoyen mais aussi pour participer à l’activité économique dans ces milieux-là et participer à trouver de solution, pour faire en sorte de permettre l’accès durable mais aussi l’accès à tous à cette alimentation durable", explique-t-elle.
Elle assure qu’il s’agit d’un projet pilote et qu’au-delà de "la dizaine" de projets sélectionnés, la Wallonie verra plus grand à l’avenir. "Dans l’accord de Gouvernement, on prévoit de travailler, et j’en ai la responsabilité, sur une alliance Emploi-Environnement pour l’alimentation. C’est le lien très fort entre le soutien de cette alimentation durable, la création de l’emploi par une approche beaucoup plus structurée."
Sortie du nucléaire
Parmi les autres sujets qui ont fait l’actualité de la semaine, la décision d’Engie de stopper ses investissements dans le nucléaire à l’horizon 2025. Pour autant, le secteur emploi de nombreux Belges, inquiets pour leur emploi d’abord et pour leur avenir, ensuite. "J’entends cette crainte", rassure d’abord Céline Tellier avant de renvoyer la balle aux précédents gouvernements. "Il faut rappeler que la loi de sortie du nucléaire c’était en 2003, il y a 17 ans. Donc le problème de l’anticipation de cette sortie du nucléaire, on le sait, est d’une responsabilité importante dans le chef des précédents Gouvernements."
Pour elle, les prises de position de la nouvelle ministre fédérale de l’Énergie vont dans le bon sens. "Je me réjouis que la nouvelle ministre de l’Énergie donne un cap clair. On voit dans l’orientation qu’Engie a formulé à ses employés, qu’enfin il y a une prise de conscience que c’est le cap que le gouvernement s’est donné." Elle ne néglige pas l’importance d’accompagner les travailleurs qui vont être impactés par cette décision.
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Elle évoque aussi l’exemple de l’Allemagne où "le secteur des énergies renouvelable emploie plus de monde que le secteur automobile, alors qu’on sait la puissance du secteur automobile en Allemagne". "L’environnement c’est aussi un gage d’emploi", plaide-t-elle. "Dans l’ensemble des domaines qui ont un lien direct avec l’environnement il y a aussi de l’emploi à saisir et ce sont des emplois d’avenir."