Passée de la société civile au monde politique, la ministre wallonne de l’Environnement Céline Tellier pointe du doigt la responsabilité des lobbys dans la présence d’insecticides chez les citoyens wallons.
Des traces d’insecticides se retrouvent auprès de neuf citoyens wallons sur dix et 23% des adolescents ont du glyphosate dans le sang. Voici les résultats de la première campagne de biosurveillance commandée par le gouvernement wallon et menée auprès de 800 Wallons.
"C’est très interpellant, on doit pouvoir aider les agriculteurs à ce niveau-là", lance Céline Tellier, "Ce qui m’a frappé, c’est de voir à quel point le lobby des pesticides est présent chez nos agriculteurs. Chaque semaine, dans chaque ferme en Wallonie, il y a un représentant des pesticides qui vient à la fois conseiller et vendre ce type de produits à l’agriculteur. Il y a donc conflit d’intérêts."
Pour réduire l’influence des lobbys, la ministre planche sur un système de conseillers indépendants : "Un vrai conseiller indépendant permettrait d’augmenter de 10 à 15% les revenus des agriculteurs."
Même si elle ne "veut pas se positionner sur le sujet", Céline Tellier rappelle la présence de lobbys dans certains cabinets du gouvernement fédéral : "ça montre aussi la force des lobbys chez nous. Je me bats clairement contre ce genre de situation."
Désespérance sociopolitique
Dans le cadre de l’opération "Bye-Bye, la démocratie ?", la RTBF a mené un sondage exclusif qui révèle que plus d’un citoyen sur trois trouve que notre société serait mieux gérée si le pouvoir était concentré dans les mains d’un seul leader. "C’est une forme de désespérance sociopolitique qui doit nous alerter. Mais cela ne concerne pas seulement les politiques, mais tous les acteurs de la démocratie : médias, politique, les experts en tout genre…"
Passée de directrice de l’ONG Inter-Environnement Wallonie à ministre, Céline Tellier a constaté par elle-même la méfiance des citoyens vis-à-vis du monde politique : "Je disais exactement la même chose avant et après mon entrée en fonction ministérielle. Avant, j’étais soutenue par les citoyens. Quelques jours après, avec le même engagement, les mêmes mots, j’étais qualifiée de "corrompue", "vendue", "non honnête". Il y a une forme de méfiance qui est difficile à vivre quand on est engagé depuis 10 ans dans le milieu environnemental. Cela montre à quel point les politiques sont visés par cette méfiance."
Le sondage RTBF confirme le manque de confiance des citoyens dans le système démocratique : moins d’un Belge sur cinq est satisfait de la manière dont notre système démocratique marche. Plus de la moitié de la population trouve que notre démocratie parlementaire fonctionne mal mais reste le meilleur système. Et pour finir, près d’un Belge sur quatre estime que notre système démocratique doit être supprimé et remplacé par un autre.