Au lendemain de la manifestation pour le climat à Bruxelles qui a réuni 70 000 personnes, comment réagit la classe politique ? Nous avons posé trois questions à Céline Frémault, ministre bruxelloise de l’Environnement et présidente de la Commission nationale pour le climat censée entre autres améliorer la gouvernance climatique
70 000 personnes dans les rues de Bruxelles, est-ce que cela va donner un coup de fouet à cette commission qui reprend ses travaux cette semaine ?
"On se rend bien compte qu’il y a une lasagne institutionnelle en matière climatique qui ajoute de la cacophonie au message politique qui doit être porté. Et donc améliorer le travail entre les différentes entités, que ce soit les régions ou le fédéral, est fondamental. Faire en sorte d’avoir une agence interfédérale pour le climat avec des experts qui balisent la décision politique, c’est tout aussi important. Et je plaide en ce sens depuis des années".
Vous dites qu’il faut faire plus, plus vite et mieux. D’ici les élections en juin, c’est quoi votre feuille de route en tant que ministre régionale ?
"Au mois de décembre dernier, le gouvernement s’est accordé sur une réduction de gaz à effet de serre de moins 40 à mois 55 pourcents pour être en accord aussi avec le rapport du GIEC (le Groupe d'experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat). Pour aussi respecter l’accord de Paris. Le travail démarre en termes de mobilité, de fiscalité et d’aménagement du territoire puisque j’ai demandé qu’on trace la voie. Qu’on budgétise et qu’on vienne avec des propositions très concrètes dans les semaines à venir pour justement rehausser nos ambitions à Bruxelles. C’est tout le travail que j’opère aussi en matière de sortie du diesel en 2030 et je peux vous assurer que cela n’a pas été facile de convaincre tout le monde. Et puis enfin, il y a le plan de rénovation du bâti bruxellois On a un bâti dense, ancien qui doit être rénové".
Tout cela implique des mesures strictes et des moyens, vous espérez pouvoir mettre tout ça en œuvre, vous ou le prochain gouvernement ?
"Ce n’est pas que j’espère. C’est que c’est indispensable aujourd’hui d’agir. Ce n’est pas un choix, c’est une obligation et en même temps une opportunité. Maintenant, il y a toute une série de modélisations à opérer. Et donc le prochain gouvernement devra trancher. Mais tout le travail aura été finalisé. Maintenant il reste encore quatre mois et des décisions peuvent encore intervenir. Vous savez, se déploie aujourd’hui la rénovation du logement social avec un acte très fort sur le renouvelable. C’est 10 millions d’euros qui sont sur la table. Donc les effets des politiques menées depuis deux ou trois ans sont enfin là. Mais il faut mieux, il faut plus vite et il faut pouvoir expliquer ce que l’on fait. Moi je me réjouis de l’engagement citoyen. Et sincèrement, cela va m’aider. Hier je voyais de nombreux néerlandophones dans la rue. Ils m’aident aussi à lutter contre le conservatisme de la N-VA. Et franchement, je les encourage à aller manifester sous les fenêtres de Bart De Wever à Anvers".