Ils étaient nos ennemis, mais partageaient les souffrances d’en face. Côté allemand, la guerre est vécue de la même manière par les soldats que celle des Poilus.
À dix-huit ans, Erich Maria Remarque est mobilisé en 1916 ; envoyé sur le front de l’ouest en juin 1917 et blessé fin juillet au cou et aux membres. Un mois et demi plus tard sa mère meurt d’un cancer.
Même s’il passe peu de temps au front, il aura eu le temps d’observer la réalité de la guerre, lui qui a vu ces "vulgaires soldats" transformés en "hommes-bêtes". Marqué par les drames, l’insalubrité des tranchées et l’absurdité du combat, il publiera en 1929 À l’Ouest, rien de nouveau. Un roman qui contribuera, par son pacifisme, à le voir pourchassé par les nazis dès 1930.
Pardonne-moi, camarade : comment as-tu pu être mon ennemi ? Si nous jetions ces armes et cet uniforme, tu pourrais être mon frère.
Démobilisé le 5 janvier 1919, il renonce officiellement à toute médaille ou décoration.
Ce n’est pas le cas d’Ernst Jünger, récompensé par la plus haute distinction militaire allemande de l’époque, la croix "Pour le Mérite" (il sera le tout dernier, cette récompense n’étant plus décernée aux militaires depuis 1918 et l’abdication de Guillaume II).
Combattant notamment au sein des Sturmtruppen (unités d’élites impériales) en première ligne, blessé quatorze fois entre 14 et 18, Ernst Jünger publiera ses souvenirs de soldats dans Orages d’acier.
C’était un grand gaillard, tout jeune, aux cheveux d’un blond doré et au visage frais de gamin. "Dommage de devoir tuer des gars pareils" pensai-je en le voyant.
À propos d’Orages d’aciers, André Gide écrira : "Le livre d’Ernst Jünger sur la guerre de 14, Orages d’acier, est incontestablement le plus beau livre de guerre que j’ai lu, d’une bonne foi, d’une honnêteté, d’une véracité parfaites".