CEB : les directions d’écoles fondamentales opposées à un retour des corrections "à la chaîne"

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Par Julien Malpas, avec Simon Gérard et Robin Duculot

Les examens arrivent à grand pas, notamment en 6ème primaire avec le traditionnel CEB. Une épreuve pour les élèves mais aussi pour les enseignants qui devront corriger de nombreuses copies. Oui mais comment ? C’est toute la question. Les directeurs du fondamental montent au créneau pour dénoncer le retour des corrections "à la chaîne".

Pour cette édition 2022 du CEB, les enseignants de 6ème primaire vont retrouver le système de chaînes de correction. Concrètement : les professeurs sont répartis en grandes salles de correction et récupèrent les copies d’élèves qui ne sont pas forcément les leurs. Sur chaque banc, ils retrouvent une question (parfois 2 ou 3), et doivent alors corriger des tas de réponses à une seule et même question. De plus, ces corrections se font dans des grandes salles, dans des conditions jugées éprouvantes car souvent bruyantes.

Selon un sondage interne chez les enseignants : plus de 9 professeurs sur 10 se disent opposés à cette méthode de chaînes de correction. Ils préfèrent plutôt corriger l’entièreté des examens de leurs propres élèves, en plus petits groupes, dans leurs écoles respectives. C’est d’ailleurs cette méthode qui avait été mise en place exceptionnellement l’an dernier, suite au COVID, et qui est toujours en place dans le secondaire pour le CE1D et le CESS. Avec un avantage selon les instituteurs : cela permet de voir les erreurs de leurs élèves, déterminer où se situe le problème d’enseignement, et ainsi pouvoir se remettre en question.

Un système plus équitable et plus performant

De son côté, le ministère de l’éducation de la communauté française rappelle que ce système de correction est inscrit dans la loi. Comme l’explique Quentin David, directeur général du pilotage du système éducatif : "L’année dernière, nous étions dans une situation exceptionnelle liée à la pandémie. Mais en réalité, ces corrections externes sont imposées par le décret. Ce n’est donc pas un choix qui repose sur une décision de l’administration ou de la ministre".

Selon lui cette méthode à la chaîne serait d’ailleurs plus équitable : "de nombreuses études démontrent qu’elle est plus sûre en termes d’équité entre les élèves. Elle permet d’éviter les biais de correction, que l’on pourrait retrouver lorsqu’un enseignant corrige la copie de ses propres élèves".

Elle serait également plus efficace : "Par rapport à la situation vécue l’année dernière, on constate qu’il y a moins d’erreurs dans une situation classique de correction à la chaîne", ajoute Quentin David.

Une concession, en revanche : les conditions de travail dans les chaînes de corrections doivent effectivement être améliorées, selon la ministre de l’Eduction Caroline Désir (PS). Le Service général de l’Inspection devrait être sensibilisé à cette question.

Les directeurs d’école ne devraient pas se joindre à la correction

Ces dernières années, les directeurs d’école avaient pris l’habitude de prêter main-forte aux enseignants lors des corrections, bien qu’ils n’y soient pas tenus, légalement. Mais cette année, ils devraient être nombreux à faire l’impasse.

Selon Kevin Urbain, directeur de la section primaire de l’Institut Saint-Ferdinand : "On a l’impression, en plus de la surcharge administrative, d’être tout le temps sous contrôle. Et on a beaucoup de difficulté à garder la tête hors de l’eau à cause de tout ça".

Peu importe la méthode, au mois de juin prochain, les enseignants devront, quoi qu’il arrive, corriger environ 53.000 copies de CEB.

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