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Ce que l'on sait d'Hadi Matar, l’homme arrêté pour avoir poignardé l’écrivain Salman Rushdie

© Source : Twitter

Par Jean-François Noulet

L’auteur de l’agression contre l’écrivain Salman Rushdie a été arrêté vendredi et est poursuivi pour tentative d'assassinat. La police américaine l’a identifié sous le nom de Hadi Matar. Il s’agit d’un homme de 24 ans originaire du New Jersey. Des sources proches de l’enquête ont révélé au New York Post que l’homme avait une admiration pour le régime iranien, à l’origine de la fatwa contre l’écrivain. 

C’est en 1989 que l’Ayatollah Khomeyni avait lancé une condamnation à mort contre Salman Rushdie et appelé les "musulmans zélés" à exécuter cette fatwa. Salman Rushdie venait de publier son ouvrage "les versets sataniques".

Que sait-on de Hadi Matar ?

L’homme de 24 ans est d’origine libanaise. Ses parents, Libanais, sont installés aux États-Unis "depuis trente ans" et n’ont plus de liens avec le Liban, selon les informations recueillies par le quotidien francophone libanais "l’Orient-Le jour".

C’est en Californie qu’Hadi Matar est né. Il réside toutefois depuis 2014 dans l’état du New Jersey à Fairview, une localité située en face l’île de Manhattan, sur l’autre rive de l’Hudson River.

Le souvenir d’un garçon "fervent musulman" faisant preuve de "gentillesse"

Le site web d’information américain "The Daily Beast" a aussi cherché à dresser le portrait d’Hadi Matar. Il a interrogé ancien élève qui l’a côtoyé à l’école secondaire en Californie. Cet élève, Gabriel Sanchez, s’est dit "choqué" d’apprendre que Hadi Matar puisse être impliqué dans un tel fait. Il a décrit Hadi Matar comme "un fervent musulman qui participait aux discussions et avait plusieurs amis", selon The Daily Beast. 

À propos de l’exercice de la foi, Hadi Matar est décrit comme quelqu’un qui pratiquait "sérieusement", "C’était un fervent musulman", a-t-il ajouté, se souvenant d’un élève qui faisait preuve de "gentillesse". Selon l’ancien élève Gabriel Sanchez, Hadi Matar passait le temps libre à l’école à jouer au basket et à lire beaucoup. Il n’aurait cependant jamais parlé de l’Iran ou de Rushdie.

Ce qu’a fait Hadi Matar entre son déménagement dans le New Jersey en 2014 et maintenant reste vague. Le quartier où il vivait est décrit comme cosmopolite et calme. Les voisins interrogés par The Daily Beast ne connaissaient pas particulièrement Hadi Matar. Selon les informations recueillies par le site web d’information américain auprès d’un club de sport, le jeune homme se serait inscrit à des cours collectifs de boxe en avril dernier et aurait stoppé son abonnement le 9 août.

Sur les réseaux sociaux, Hadi Matar affichait une admiration pour le régime iranien

Si les enquêteurs américains n’ont encore donné aucune information sur les motivations de l’assaillant de Salman Rushdie, le profil de Hadi Matar semble malgré tout se préciser.

Sur son compte Facebook, désormais bloqué par la plateforme, Hadi Matar affichait des accointances avec l’extrémisme chiite. C’est ce qu’ont indiqué des sources policières aux journalistes du New York Post.

Sur les réseaux sociaux, il est question de messages de soutien à l’Iran et à son régime, notamment. Romain Caillet, spécialiste de l’Islam relève que "Hadi Matar met en avant les figures du régime iranien, ainsi que son fondateur, l’Ayatollah Khomeyni, auteur de la fatwa contre Salman Rushdie", comme le montrent ces captures d’écran réalisées avant le blocage du compte de Hadi Matar.

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La photo de profil utilisée par Hadi Matar est d’ailleurs celle de l’Ayatollah Khomeiny, le leader de la révolution iranienne, lui-même à l’origine de la fatwa lancée contre l’écrivain Salman Rushdie en 1989.

Un faux permis de conduire

Hadi Matar était aussi en possession d’un faux permis de conduire. Il y était identifié sous le nom de Hassan Mughniyah. "Le choix du nom est éloquent pour qui connaît l’islamisme chiite et le Hezbollah", relève l’islamologue français Romain Caillet. "Le nom de famille Mughniyah renvoie bien évidemment à Imad Mughniyah, l’un des plus grands commandants du Hezbollah, éliminé par Israël, avec le soutien des USA, en 2008", poursuit Romain Caillet.

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En Iran, samedi, le principal quotidien ultraconservateur iranien, Kayhan, a félicité l’agresseur de Salman Rushdie. "Bravo à cet homme courageux et conscient de son devoir qui a attaqué l’apostat et le vicieux Salman Rushdie", a écrit le journal. "Baisons la main de celui qui a déchiré le cou de l’ennemi de Dieu avec un couteau", a ajouté le quotidien.

 

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