Politique

Catherine Fonck dénonce le manque d’ambition du plan alcool et parle de "mesurekes"

L'invitée: Catherine FONCK, députée fédérale, chef de groupe à la Chambre

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Il aura fallu quinze ans pour que les ministres fédéraux et régionaux se mettent d’accord sur un plan pour lutter ensemble contre la consommation nocive de l’alcool en Belgique. Le plan alcool interfédéral a été approuvé ce mercredi par les différents ministres concernés par cette matière. Ce nouveau plan se structure en trois questions :

  • A qui peut-on vendre de l’alcool et cela pour les 7 prochaines années
  • Peut-on en faire de la publicité
  • Comment prévenir des dangers

On est un pays farouchement compliqué

Les acteurs des soins de santé estiment que ce nouveau plan alcool est une occasion manquée. Quant au ministre fédéral de la Santé Frank Vandenbroucke (Vooruit), il se défend : "J’ai vraiment travaillé pour trouver un consensus large. Un consensus large, dans notre pays, ça veut dire 24 ministres, toute une série de gouvernements. On est un pays farouchement compliqué. Mais le consensus est absolument crucial."

Comme les experts de la Santé, la députée et cheffe de groupe du parti les Engagés au Parlement fédéral, accueille le nouveau plan alcool "avec une grande déception. Mais surtout le sentiment que les ministres de la Santé ont abandonné les malades. Parce que la majorité des Belges ont une consommation d’alcool qui est raisonnable." Celle qui est également médecin ajoute : "mais les chiffres donnent aussi le tournis." Et elle cite :

  • 10.000 décès prématurés par an
  • Première cause de décès sur les routes
  • Cause majeure pour le cancer
  • Première cause de violence familiale et sexuelle
  • Six jeunes en moyenne de 12 à 17 ans se retrouvent chaque jour à l’hôpital en raison d'"une cuite, mais dont on sait aussi que l’impact sur leur cerveau à cet âge-là va se marquer pendant des mois".

Un plan, mais quel plan ?

La cheffe de groupe des Engagés ne comprend pas comment on en est arrivé à proposer un tel plan alcool. "Je n’en sais rien, parce que vous avez un plan, mais quel plan." Rappelons que le plan prévoit des actions à mener de 2023 à 2025. Et un total de 75 mesures "dont la majorité sont des études, des analyses ou des choses qui existent déjà. Et les vrais leviers, qui en fait, on le sait, permettent de changer, on le voit à l’instar d’autres pays européens… Cela, ce sont des 'mesurekes'". Selon elle, il n’y a pas eu "ce courage, cette volonté politique de vouloir véritablement avoir, et faire une barrière à l’accessibilité, à interdire la publicité, à travailler sur l’étiquetage", des mesures phares reconnues pour être efficaces, dit-elle.

Contrôle sur la publicité

Le Service Public Fédéral (SPF) Santé publique aura un regard sur la publicité, les messages transmis dans les slogans. Autre mesure, il ne sera désormais plus autorisé de vendre des alcools forts aux 16-18 ans. Seuls la bière et le vin pourront encore être vendus à cette catégorie d’âge.

Catherine Fonck rappelle que pour la publicité, il existe déjà des règles. "Ça ne fonctionne pas." Elle cite, pour exemple, une publicité sur un campus étudiant : 'Pour avoir des bons points, il faut avoir de bonnes pintes'. "C’est éthiquement, je trouve scandaleux, quand on parle de santé. Eh bien cela, passe la rampe aujourd’hui de toutes les régulations qui existent."

Interdire la publicité

Pour la cheffe de groupe des Engagés, il faut "interdire la publicité (pour l’alcool), pas seulement cinq minutes avant et cinq minutes après les émissions pour les enfants, comme ils l’ont décidé." Et de faire la comparaison avec d’autres produits : "Est-ce que vous imagineriez encore de la publicité pour le tabac ou une drogue ? Non."

Ce sont des combats que l’on doit oser mener, même si ce n’est pas nécessairement sexy

Catherine Fonck analyse la composition actuelle des ministres de la Santé. Sur les 9, il y a 4 Ecolo, 3 PS : "Alors, je ne comprends pas. Si les ministres de la Santé, s’étaient tous levés ensemble en disant 'allez, maintenant on y va fort et on impose cela à nos gouvernements. On a la force politique nécessaire''.

Elle reconnaît cependant que le consensus est compliqué avec "beaucoup trop" de ministres de la Santé. "Mais pour moi c’est un écran de fumée."

Selon elle, ses propos ne sont pas "tellement sexy sur le plan électoral". Elle peut donc imaginer du côté des ministres et à un an des élections : "dans leurs partis respectifs : 'on leur a dit, pas très sexy parler de tout ça'". Or, les questions liées à l’alcool sont fondamentales par rapport à la santé et surtout concernant les jeunes. "Ce sont des combats que l’on doit oser mener, même si ce n’est pas nécessairement sexy."

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