Plus discrète à vos débuts, on dirait que la thématique LGBT a pris une place de plus en plus grande, et assumée, dans votre cinéma…
"Bien sûr. Ça s'est éclairci à tel point que dans ce film, j'assume de dire que je parle de mon couple avec Élisabeth (Perez, productrice, NDLR) à travers Raf et Julie. Alors que dans les autres films c'était toujours caché, biaisé... Dans 'La Nouvelle Eve', je raconte une histoire hétérosexuelle, alors que dans la réalité, puisque c'est aussi un personnage proche de moi, c'était une histoire homosexuelle. Idem quand je fais 'Les Amoureux', où je raconte l'histoire d'un jeune garçon homosexuel, pas d'une jeune fille lesbienne... Je me cachais, car même dans ma vie personnelle, j'avais du mal à le vivre, à l'assumer. Je venais d'une famille où c'était très compliqué, d'ailleurs je l'aborde dans 'La Belle Saison' avec le personnage de la mère... C'est vrai que ça a été long. Aujourd'hui, depuis l'affaire Weinstein, on parle du féminisme, mais il ne faut pas oublier que pendant très longtemps, se revendiquer féministe était tabou !"
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Avez-vous l'impression aujourd'hui qu'il y a une place plus grande dans le cinéma français pour assumer son identité, son féminisme, son homosexualité ?
"Oui, même si on est encore loin de la parité ! Mais pour certains hommes, on entend déjà trop parler de nous. Je pense qu'il faudrait être encore plus dures, il faudrait des quotas, parce qu'il y a toujours ce retour de la domination, du patriarcat. Au final, personne ne veut céder sa place, ni son pouvoir. Donc à un moment, il faut faire les choses d'une manière plus formelle, en disant c'est comme ça. Je pense que ça irait plus vite ! Parce que là, on a beau dire qu'on avance, on n'avance pas suffisamment. C'est comme sur l'égalité salariale : à un moment, il faut prendre une décision, ça peut se faire en un tour de main."
C’est courageux de votre part de dire ça publiquement : les quotas, c’est la question qui fâche, l’ultime tabou devant lequel tout le monde part en courant... !
"Est-ce qu'on veut l'égalité ou on ne la veut pas ? Si on la veut, on la fait arriver comment ?"
Du coup, votre fracture, depuis, ça va mieux ?
"J'ai toujours mal... Mais, au moins, j'ai réussi à en faire un film, c'est déjà pas mal !"
La Fracture de Catherine Corsini. Avec Marina Foïs, Pio Marmaï, Valeria Bruni Tedeschi… En salles ce mercredi 24 novembre.
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Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d'actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.