L'ancien président catalan Carles Puigdemont a annoncé jeudi avoir déposé une plainte, avec cinq leaders indépendantistes en attente de jugement, devant le Comité des droits de l'Homme de l'ONU contre la "suspension" de leurs droits politiques par les autorités espagnoles.
Cette annonce intervient alors que quatre indépendantistes catalans, incarcérés dans l'attente du procès pour leur rôle dans la tentative de sécession de la Catalogne en octobre 2017, ont arrêté leur grève de la faim entamée début décembre.
6 parlementaires déchus
M. Puigdemont, installé en Belgique depuis fin octobre 2017, est également accusé de rébellion par la justice espagnole, mais le mandat d'arrêt international qui pesait contre lui a été retiré en juillet.
A Genève, il a indiqué aux journalistes qu'il voulait, avec cette plainte déposée devant le Comité des droits de l'Homme de l'ONU, dénoncer "de graves violations des droits et libertés en Espagne, ce qui est inacceptable dans le cadre de l'Etat de droit de l'Union européenne". "N'oubliez pas : 6 personnes, démocratiquement élues et qui n'ont pas encore été condamnées - dont 5 en détention préventive depuis plus d'un an - ne peuvent pas exercer leurs droits", a-t-il ajouté.
En mars 2018, M. Puigdemont et Jordi Sanchez, ancien président de l'association indépendantiste ANC, avaient déjà porté plainte auprès de ce comité de l'ONU concernant leur "impossibilité de se présenter comme président à la Generalitat", le gouvernement catalan, a expliqué un de leurs avocats, Me Nico Krisch. La plainte déposée mardi vise à dénoncer "la suspension du mandat de parlementaire : Six membres du parlement qui ne peuvent pas voter, pas participer", a-t-il souligné.
Le comité de l'ONU n'a pas encore pris de décision sur ces plaintes.
9 personnes en détention provisoire
Au total, neuf dirigeants indépendantistes accusés de "rébellion" sont actuellement en détention provisoire et attendent d'être jugés par le Tribunal suprême de Madrid.
Dans un contexte de fortes tensions entre Madrid et les séparatistes catalans, le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez a choisi de délocaliser vendredi la réunion hebdomadaire de son exécutif dans la métropole catalane. De nombreux indépendantistes considèrent la tenue de cette réunion à Barcelone comme une "provocation" et plusieurs organisations séparatistes ont appelé à manifester. Les autorités redoutent des actions coup de poing des plus radicaux et ont mobilisé un important dispositif policier.