Date historique pour le cinéma belge : les trois films sélectionnés en compétition se retrouvent tous les trois, en bonne place, au palmarès. Deux d’entre eux, "Close" et "Tori et Lokita" sont coproduits par la RTBF.
"Close" de Lukas Dhont se hisse à la deuxième marche du podium : le film, chronique terriblement sensible d’une amitié adolescente qui se désagrège, remporte le Grand Prix du Jury. Ce fut le moment le plus émouvant de la soirée, avec des applaudissements fervents de la salle. Inexplicablement, ce Grand Prix est partagé ex aequo avec "Stars at noon" de la cinéaste française Claire Denis, sans doute un des plus faibles de toute la sélection…
Que décerner encore aux frères Dardenne, qui ont déjà le palmarès le plus riche de tous les cinéastes dans l’histoire du festival, avec deux Palmes d’Or et une kyrielle de prix ? Vincent Lindon et son jury ont trouvé la solution : leur film "Tori et Lokita" remporte le Prix du 75e anniversaire… Un trophée sur mesure, en quelque sorte, qui couronne une carrière exceptionnelle.
Enfin, le couple Charlotte Vandermeersch/ Félix Van Groeningen reçoit le Prix du Jury pour son film tourné en Italie, "Le otto montagne". Comme chez les Dardenne et chez Dhont, l’amitié est au cœur du long-métrage, chronique teintée de mélancolie. Là encore, un ex aequo, avec l’inclassable film "Hi Han", pèlerinage d’un âne filmé par le vétéran polonais Jerzy Skolimowski.
Mais là où le jury a fait preuve d’un vrai courage, c’est en décernant la Palme d’Or au film le plus provocant, le plus "clivant" de cette édition 2022 : "Triangle of sadness", comédie virtuose d’humour noir signée Ruben Östlund. Le surdoué cinéaste suédois remporte ainsi sa 2e Palme après celle décernée à "The Square" il y a cinq ans.
Dans le reste du palmarès, on pointera surtout le prix d’interprétation féminine décerné à une actrice iranienne condamnée à l’exil en France : Zar-Amir Ebrahimi, qui campe une journaliste de choc dans le polar très réussi "Holy Spider".
Le double ex aequo, la création d’un prix spécial pour les Dardenne : c’est le signe que les délibérations n’ont pas été simples.
Mais Vincent Lindon n’a pas à rougir du palmarès, qui couronne majoritairement les films marquants du festival. Et fait la place belle aux talents belges.