Carte blanche de la CSC : "Régularisation, retour à la case départ ?"

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Par A. Lo.

Début novembre, les quatre négociateurs qui ont contribué à la sortie de crise provoquée par la grève de la faim des sans-papiers à Bruxelles ont appelé le gouvernement à reprendre le dossier des demandes de régularisation des grévistes. Suite à l'examen d'une partie des dossiers des grévistes traités par l'Office des Étrangers, ils estiment qu’ils ont été trahis par le secrétaire d’Etat à l’Asile, Sammy Mahdi. "Quand je lis les décisions de refus [de l'Office des Étrangers] auxquelles on a eu accès, je constate que c’est à l’opposé de ce que le secrétaire d’État nous a dit." Le secrétaire d'État s'est défendu en précisant que les dossiers ont été traités selon les règles existantes. "Il y a des règles, et on ne peut pas donner une faveur à tout le monde."

Politique inhumaine et esclavage moderne

La CSC, dans une carte blanche, dénonce la situation précaire de ces sans-papiers et "la politique inhumaine des gouvernements successifs défendus actuellement par Sammy Mahdi". Elle dénonce l'exploitation de ces travailleurs au noir, assimilant ces pratiques à de l'esclavage moderne.

"On parle aujourd’hui en Belgique de 100.000 personnes sans papiers, instrumentalisées pour exercer une pression sur les salaires et dégrader les conditions de travail de tous les travailleurs.ses. Pourtant, d’après le calcul syndical, si 100.000 travailleurs sans papiers étaient régularisés, 65 millions d’euros nets par mois iraient dans les caisses de la sécurité sociale."

La carte blanche

Vendredi 5 novembre, Fethi, un travailleur sans papiers, est tombé d’un échafaudage. Victime d’un accident de travail, il se retrouve aujourd’hui sans la moindre solution. Après une longue période où la question de la régularisation s’est retrouvée sous les feux des projecteurs : retour à la case départ ?

Occupant de l’église du Béguinage et gréviste, Fethi, travailleur d’origine algérienne, travaille sur des chantiers en Belgique depuis des années. Sans réponse positive quant à son dossier de régularisation, il a été forcé d’accepter un travail de rénovation d’un bâtiment pour 20 euros par jour. 

Aujourd’hui, suite à un accident de travail, il se retrouve en chaise roulante avec une double fracture aux poignets et une intervention maxillo-faciale programmée, en plus d’être atteint du Covid. Mais sans papiers, pas d’indemnités.

Mohamed, un autre travailleur sans papiers et également occupant de l’église du Béguinage, avait quant à lui travaillé plusieurs mois à la rénovation de la station de métro Arts-Loi à Bruxelles. On y voit encore sa photo en noir et blanc, fièrement exposée sur le quai du métro. Aujourd’hui, sa demande de régularisation venant d’être refusée, le gouvernement exige son expulsion.

Pour survivre, ces travailleurs, par ailleurs affiliés à la CSC, ont donc travaillé au noir, comme tant d’autres. Ils n’avaient pas le choix. Les employeurs ont profité de leur situation pour éviter de payer les cotisations patronales et faire du profit.

Tout ce qui arrive aujourd’hui n’est que le résultat de la politique inhumaine des gouvernements successifs défendus actuellement par Sammy Mahdi. En défendant le caractère exceptionnel des procédures de régularisation, le secrétaire d’état promeut l’exploitation des travailleurs.ses sans papiers allant jusqu’à l’esclavage moderne.

Leur parcours témoigne du déni politique de prendre à bras le corps la lutte contre le dumping social pourtant priorité politique annoncée par l’ensemble des gouvernements, offrant ainsi un boulevard aux employeurs peu scrupuleux.

Pourquoi le système permet-il donc d’exploiter les travailleurs.ses mais ne reconnait ni leur travail ni leur situation en les régularisant ?

On parle aujourd’hui en Belgique de 100.000 personnes sans papiers, instrumentalisées pour exercer une pression sur les salaires et dégrader les conditions de travail de tous les travailleurs.ses.

Pourtant, d’après le calcul syndical, si 100.000 travailleurs sans papiers étaient régularisés, 65 millions d’euros nets par mois iraient dans les caisses de la sécurité sociale.

Qu’attendent les gouvernements pour mettre en application les propositions mises sur la tables ?

  • Veiller au respect du droit du travail et assurer que tout travailleur puisse porter plainte en étant protégé sans risquer d’être envoyé dans un centre fermé.
  • Adopter des critères clairs et permanents de régularisation et une législation qui donne l’accès au permis de travail.

Encore une fois, la CSC sonne l’alarme et continue d’organiser des actions pour mettre les politiques face à leurs responsabilités.

Belgique: situation des sans-papiers (JT 03/11/2021)

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