Figaro sera-t-il obligé d’épouser Marcellina faute de pouvoir rembourser sa dette ? Non, car une marque sur son poignet révèle qu’il est un enfant de haute lignée enlevé à ses parents… et que sa mère est justement Marcellina ! Sua madre ? Sua madre ! Ou, en l’occurrence, Zijn moeder ? Zijn moeder !
Dans la nouvelle production des Nozze di Figaro de l’Opéra flamand, Marcellina, Bartolo et Antonio sont des comédiens flamands populaires qui chantent avec amplification et dans leur langue maternelle, tandis que les chanteurs professionnels qui tiennent les autres rôles se tiennent à l’italien original du livret de Da Ponte. Pas sûr que la musique de Mozart sorte gagnante de cette rencontre avec le kleinkunst, d’autant que l’orchestre maison, dirigé par la Française Marie Jacquot, manque plus d’une fois de tension, et que la distribution n’a rien d’exceptionnel.
Et que dire d’un Figaro dont la tache de naissance est ici sur les fesses, qu’il exhibe dès lors à la cantonade ? Ne reculant pas devant les références grivoises, la mise en scène de Tom Goossens, 29 ans, étoile montante du théâtre flamand, semble plus soucieuse de faire rire, fût-ce grassement, que de faire réfléchir à la dimension politique de l’œuvre. Il n’est pas interdit d’en sortir plus consterné que concerné.
Gand, Opera, jusqu’au 11 juin ; Anvers, Opera, du 23 juin au 6 juillet ; www.operaballet.be