Santé & Bien-être

Cancer du sein : ce médicament existant très prometteur contre les métastases et la récidive

© Gettyimages

Par Johanne Montay

C’est un antioxydant existant qui s’appelle le mésylate de métoquinone, commercialisé sous le nom MitoQ (prononcer à l’anglophone, "MaïtoKiew"). Il est vendu aujourd’hui comme complément alimentaire, mais a montré un potentiel dans certaines indications médicales. Aujourd’hui, le MitoQ ouvre des perspectives très intéressantes contre le développement de métastases et la récidive dans le cancer du sein.

Pierre Sonveaux, chercheur à l’Institut de recherche expérimentale et clinique de l’UCLouvain, et son équipe, dont la post-doctorante Tania Capeloa, ont identifié que ce médicament permettrait d’éviter dans 80% des cas, l’apparition de métastases et d’éviter, dans 75% des cas, la rechute locale du cancer du sein humain. Pour l’instant, ces résultats prometteurs ont été obtenus chez la souris.

Cette première mondiale est publiée dans la revue scientifique Cancers et ouvr

Un traitement combiné

Le MitoQ n’a cependant pas été administré seul : les chercheurs ont traité des souris porteuses de cancer du sein humain comme on traite les patientes à l’hôpital. Ils ont donc combiné une intervention chirurgicale à un cocktail de chimiothérapies classiques savamment dosées et ont ajouté à ce traitement classique cette molécule supplémentaire, le MitoQ. Cette dernière s’est avérée compatible avec les chimiothérapies classiques et elle s’est avérée efficace contre les rechutes et les métastases chez la souris.

D’après les scientifiques de l’UCLouvain, c’est la molécule MitoQ qui empêche bien le réveil des cellules souches cancéreuses. Pierre Sonveaux, Directeur de recherche FNRS et professeur à l’UCLouvain est très enthousiaste. Il a fallu 7 ans à son équipe pour identifier ce médicament : " On est bien loin d’une molécule expérimentale de laboratoire. Ici, on parle d’un vrai médicament qui est capable de prévenir les métastases cancéreuses, mais aussi – et là, ça a été la découverte "waouw", d’empêcher que le cancer ne rechute à l’endroit où il s’était développé à l’origine."

Un cancer coriace et récidivant

Cette recherche ouvre de nouveaux espoirs pour un grand nombre de patientes : en Belgique, le cancer du sein le plus agressif et le plus mortel est le cancer "triple négatif". Il représente 10 à 15% de tous les cancers du sein. Un millier de patientes sont touchées chaque année en Belgique par ce type de cancer. La moitié d’entre elles développeront, malgré le traitement, des récidives locales et des métastases. Pour l’instant, il n’existe aucun traitement spécifique pour prévenir ces rechutes, et seule une patiente sur 10 atteinte d’un cancer "triple négatif" généralisé a une chance de guérir.

L’espoir d’un traitement dès le diagnostic

Cette fréquence de cancers métastatiques parmi les cancers du sein humain est précisément la raison pour laquelle l’équipe a pris ce cancer comme modèle. Pierre Sonveaux fonde beaucoup d’espoir sur la suite de la recherche : "Malgré la chirurgie, malgré la chimiothérapie, dans bon nombre de cas, les patientes ont des rechutes et font des métastases. On est capables de prévoir ces métastases, mais pour l’instant il n’existe rien pour les empêcher. Le mieux qu’on peut faire, à l’hôpital, c’est lorsqu’elles surviennent, on redonne de la chimiothérapie. La molécule sur laquelle on travaille à l’UCLouvain pourrait être donnée dès le jour de diagnostic d’un cancer à risque de métastases et maintenue jusqu’à ce que la patiente soit guérie."

A suivre : phase 2 et phase 3 chez l’humain

La suite, c’est le test de la molécule chez l’humain : la première phase clinique a déjà permis de tester le produit chez des patientes saines et il s’est avéré peu toxique. Ensuite, commencera une phase clinique 2 pour démontrer l’efficacité de ce traitement chez les patients atteints du cancer. Les participantes sont d’ores et déjà enrôlées. Et enfin, encore plus tard, une phase 3. Révolution ou espoir ? "On est au-delà de l'espoir", s'enthousiasme Pierre Sonveaux.

La course de vitesse entre recherche et métastases est lancée. Le premier volet de la recherche a été financé par du mécénat obtenu par la Fondation de l’UCLouvain. Le fabricant de MitoQ prendra en charge le financement des phases cliniques suivantes.

Sur le même thème : JT du 13/03/2022

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