Cancer : des chercheurs de l’ULB découvrent le rôle essentiel d’une protéine dans la transition maligne de la maladie

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Par Cynthia Deschamps

Selon des chercheurs de l’Université libre de Bruxelles (ULB), la protéine NR2F2 est une cible prometteuse pour le développement de nouveaux médicaments anticancéreux. Dans une étude publiée dans la revue Nature Cancer, ils expliquent que le NR2F2 joue un rôle essentiel dans la transition maligne et la croissance tumorale.

L’inactivation du NR2F2 bloque la progression des tumeurs bénignes vers les tumeurs malignes. Elle réprime aussi les fonctions tumorales essentielles, notamment la division et la différenciation des cellules. Cela conduit ainsi à la régression tumorale.

"C’est la première fois que nous étudions cette protéine", explique Cédric Blanpain, qui dirige cette recherche. "Mais d’autres études avaient déjà montré que cette protéine est importante dans le cancer de la prostate. Et on considère qu’elle pourrait l’être pour environ 30% des cancers vraiment 'méchants'."

Cellules différenciées

Dans un tissu normal, comme la peau, nous avons des cellules qui constituent la couche cornée : ce sont des cellules différenciées. "Elles sont en train de disparaître", observe Cédric Blanpain, professeur à l’ULB. "Elles s’opposent à leur capacité de division. Une fois qu’on est différencié, on ne peut plus se diviser."


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En bloquant le NR2F2 avec les médicaments, on pourrait stimuler la différenciation. Cela veut dire que l’on enlève de la tumeur les cellules qui sont capables de se diviser. La tumeur est donc vouée à régresser.

"Par exemple, il y a une forme de leucémie dans laquelle, quand on donne des dérivés de la vitamine A, toutes les cellules leucémiques se transforment en cellules différenciées. Et la leucémie disparaît."

"Un rêve"

Cédric Blanpain, en collaboration avec l’ULB et des investisseurs privés et publics, a créé la société ChromaCure. Depuis trois ans, l’équipe composée d’une quinzaine de chercheurs développe des médicaments ciblant le NR2F2 pour le traitement des cancers.

"Un médicament qui fait se différencier les cellules est un peu un rêve", remarque-t-il. "La chimiothérapie, qui tue toutes les cellules qui se divisent, est très toxique. Mais stimuler la différenciation est a priori moins toxique pour le corps. Ce médicament pourrait donc avoir moins d’effets secondaires que les traitements chimiothérapeutiques classiques. Il pourrait aussi peut-être s’administrer en combinaison avec la chimiothérapie ou avec l’immunothérapie."

 

Quelques années de recherches encore nécessaires

Ce médicament n’est pas pour tout de suite. En effet, ChromaCure est en train de tester différents médicaments sur des animaux pour prévenir le développement de cancer ou diminuer la croissance tumorale.


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"Si les effets sur les animaux sont concluants, nous devrons encore remplir toute une série de critères pour pouvoir faire des essais cliniques sur l’homme", précise le professeur. "Il faudrait encore compter deux à quatre ans de développement si tout va bien."

Les prochaines années vont ainsi être clé pour savoir quels cancers traiter en premier lieu – du sein, du colon, du pancréas, etc. -, quels patients privilégier – hommes, femmes, enfants – et si ce médicament doit être donné seul ou en combinaison avec d’autres traitements.

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