Canaries : à la Palma, les habitants font face à "un océan de cendres" après l’éruption du volcan Cumbre Vieja

La Palma / Opérations de nettoyage des maisons

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Par Lisa Rouby avec AFP

Le trois janvier dernier, les premiers habitants privés de maison par l’éruption du volcan Cumbre Vieja ont enfin pu rentrer chez eux. Sur 7000 évacués, ils sont 1000 à avoir été autorisés à regagner leur domicile cette semaine. Mais une fois la joie passée, ils réalisent vite que la vie ne sera plus comme avant.

Un dur retour à la réalité

Devant le paysage apocalyptique qui s’offre à lui, Félix Rodríguez, maçon de 61 ans, est désemparé. "C’est comme une plaine" de cendres volcaniques, "un autre monde", se désole-t-il en balayant le sable noir qui recouvre à présent son toit. Il se considère toutefois comme chanceux. La lave, par miracle, a épargné sa maison. Impossible d’en dire autant du cimetière voisin, dont seulement quelques pierres tombales font surface.

Felix Rodriguez retire les cendres de son toit, le 4 janvier 2022.
Felix Rodriguez retire les cendres de son toit, le 4 janvier 2022. © AFP et Belga

Comme lui, Carmen Acosta 57 ans, a également pu retourner dans sa maison et même y dormir pour la première fois après plus de trois mois à l’hôtel. Pour elle, ce retour est un "cadeau des Rois mages", qui d’après la tradition, apportent des cadeaux aux enfants le six janvier.

Ses parents, octogénaires, vivent avec elle dans une petite maison modeste typique aux murs bleu vif. "On a encore beaucoup de choses à nettoyer. Même en six mois, on n’en viendra pas à bout. Il y a beaucoup de cendres, beaucoup d’ordures… C’est horrible", confie Carmen, navrée.

Le 3 janvier, Laureliano Acosta, 81 ans et père de Carmen, retrouve sa maison après avoir été évacué le 19 septembre dernier.
Le 3 janvier, Laureliano Acosta, 81 ans et père de Carmen, retrouve sa maison après avoir été évacué le 19 septembre dernier. © AFP et Belga

Sa voisine, María Zobeida Pérez Cabrera partage son désarroi. Lorsqu’elle est revenue dans l’ancienne maison de ses parents, cette aide soignante à la retraite était sous le choc. "C’était horrible, comme un cimetière. Tout ce qu’on voyait autour était noir, il n’y avait ni sol ni toit, même les plantes étaient noires".

Alors qu’avec l’aide son mari, elle s’attelle à remplir puis vider énergiquement des brouettes de cendres, elle tâche de rester optimiste "tout ce que nous enlevons aujourd’hui ne sera plus là demain".

Maria Zobeida Perez Cabrea, infirmière retraitée, retire des cendres accumulées dans son jardin, le 4 janvier dernier.
Maria Zobeida Perez Cabrea, infirmière retraitée, retire des cendres accumulées dans son jardin, le 4 janvier dernier. © AFP et Belga

Une vie entière à reconstruire

Pour Jorge Díaz Hernández, 36 ans, l’éruption a complètement fait basculer sa vie. A la tête d’une exploitation bananière familiale depuis dix ans, il n’a toujours pas pu retrouver sa maison ou sa ferme. Aucune information n’a encore été communiquée à ce sujet, "c’est la question à un million d’euros", déclare-t-il dans un haussement d’épaules. Durant l’éruption, il s’est régulièrement rendu sur le sommet du volcan pour vérifier si sa ferme était touchée par la lave.

Si elle a finalement été épargnée, il a toutefois pris une décision radicale en décidant de stopper son activité : "Je jette l’éponge, je vais me consacrer à autre chose […] J’étais déjà épuisé par le traitement réservé à l’agriculture et aux bananes, par les prix, les dépenses en eau, tout ça. Là, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase". En effet, il lui faudrait trois ans pour relancer la production.

Jorge Diaz Hernandez, 36 ans, ne sait toujours pas quand il pourra rentrer chez lui.
Jorge Diaz Hernandez, 36 ans, ne sait toujours pas quand il pourra rentrer chez lui. © AFP et Belga

Un retour à la normale qui s’annonce déjà long

Comme Jorge, beaucoup attendent encore de pouvoir rentrer chez eux. Bien qu’elle n’ait pas fait de victimes, l’éruption a détruit plus de 1300 maisons et 1250 hectares de terres. Près de 7000 personnes ont également dû être évacuées.
Alors que l’éruption du volcan Cumbre Vieja a pris fin le 25 décembre, la coulée prendra encore des mois à refroidir explique Rubén López, volcanologue à l’Institut géographique national, dans un entretien à l’AFP. "Cela va durer des semaines, voire des mois", avertit-il.

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