Le mois dernier, la découverte des restes de 215 enfants près d’un ancien pensionnat pour autochtones en Colombie-Britannique a provoqué une onde de choc au Canada et dans le reste du monde. "C’est un triste rappel de ce sombre chapitre de notre histoire”, avait alors déclaré le Premier ministre canadien Justin Trudeau.
Mais le racisme et la discrimination des autochtones n’appartiennent pas uniquement au passé. La semaine dernière, l’enquête autour du décès d’une femme autochtone de 37 ans à l’hôpital de Joliette, au Québec, s’est clôturée en apportant son lot de révélations. Décrite comme un véritable #Metoo autochtone, l’affaire Joyce Echaquan a jeté un coup de projecteur sur les discriminations encore subies aujourd’hui par les populations autochtones, notamment dans l’accès aux soins de santé.
Insultes racistes et mort évitable
En septembre dernier, Joyce Echaquan est hospitalisée et subit insultes et remarques racistes de la part de deux infirmières. La patiente autochtone filme les événements avec son téléphone et publie la vidéo sur Facebook. “Qu’est-ce qu’ils penseraient tes enfants en te voyant comme ça ?”, dit par exemple l’infirmière alors que la patiente hurle de douleur. Joyce Echaquan, mère de 7 enfants, décédera quelques heures plus tard d’un œdème pulmonaire. Sa voisine de chambre rapportera que les infirmières riaient d’elle et de son état. Les experts, eux, concluront que le décès aurait pu être évité.
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Après ces événements, la vidéo des derniers instants de la patiente fait le tour de la Toile et provoque une déferlante de témoignages d’Autochtones expliquant avoir, eux aussi, reçu de mauvais traitements dans le système de santé du Québec.
L’hôpital de Joliette déjà pointé du doigt
Leur incompréhension est d’autant plus grande qu’un an avant la mort de Joyce Echaquan, une Commission d’enquête avait déjà fait état des discriminations systémiques subies par les Autochtones dans divers services publics québécois, dont le système de santé.
"Les voix entendues sont assez nombreuses pour affirmer que les membres des Premières Nations et les Inuits ne se sentent pas en sécurité lorsque vient le temps de mettre leur santé entre les mains des services publics ", avait-il été conclu. L’hôpital de Joliette, dans lequel Joyce Echaquan est décédée, avait même été pointé du doigt. Pourtant, rien n’avait été mis en place.
"Il y a eu plusieurs appels à l’action de la commission 'Viens' concernant les problématiques que l’on vit à l’hôpital de Joliette. Si on les avait mises en œuvre, on aurait probablement évité la mort de Joyce”, a ainsi déploré Paul-Emile Ottawa, chef de la communauté de Manawan (celle de Joyce Echaquan), cité dans le journal québécois La Presse.