BW Open : Gauthier Onclin réussit peut-être le tournoi qui va changer sa carrière

Gauthier Onclin a réussi à se transcender devant son public. Il a certainement joué au-dessus de son niveau habituel. Et il a surfé sur la vague de sa forme actuelle. La semaine dernière, il avait gagné un tournoi en France. Un tout petit tournoi, mais qui l’a mis en confiance. Il en est maintenant à dix victoires en dix jours.

Dix victoires en dix jours, parce qu’il a dû passer par les qualifications à Louvain-la-Neuve. Ne pas avoir reçu d’invitation a sans doute été frustrant, dans un premier temps. Mais le rend fier maintenant. "Ce qui me fait du bien, c’est de ne pas avoir reçu de wild card. Ce que je fais cette semaine, je l’ai eu par moi-même. Maintenant, je peux me sentir un peu à ma place dans ce genre de tournoi. Mais le but, c’est que ce ne soit pas un feu de paille. Que ce ne soit pas un tournoi super, et puis rien après. Il faut essayer de capitaliser sur cette semaine, et de continuer sur cette lancée".

Le voilà donc en demi-finale, prêt à affronter David Goffin, avec lequel il s’est beaucoup entraîné cet hiver. "Je vis une semaine de rêve, et le rêve continue. Mais cela ne vient pas comme cela. C’est le résultat de beaucoup de travail. Le travail de toute une équipe, pour le physique, les soins, la préparation des matches. Je dois beaucoup à mon équipe".

On comprend donc que les entraînements n’étaient pas parfaits jusqu’à présent. "Il y a encore trop de points à améliorer. Je ne parle pas de défauts, mais il y a beaucoup de choses qu’il faut perfectionner. Dont la constance à l’entraînement, chaque fois être présent, et être présent tout le temps. C’est ce qu’on lui demande, et c’est ce qu’il ne fait pas encore tout le temps. Mais c’est de mieux en mieux, et je pense qu’il est sur la bonne voie".

Et sa demi-finale (au moins) au BW Open peut tout changer. Gauthier Onclin s’est frotté (entre autres) à un ex-top 25 mondial, Ugo Humbert, qu’il a battu. "La plus belle victoire de ma carrière, c’est indiscutable." Il a éliminé un ancien demi-finaliste de Roland-Garros, Ernests Gulbis, râleur et filou. Il a progressé dans le tableau malgré une petite blessure.

Il a emmagasiné une énorme dose d’expérience, et il a sans doute mieux pris conscience de ses qualités.

David Goffin est aussi, un jour, passé par là. "Le fait de jouer en Belgique, que je sois là, que pas mal de Belges soient là, cela tire tout le monde vers le haut. J’ai suivi tous ses matches, et il a vraiment bien joué. Parfois, il 'suffit' de se rendre compte qu’on peut le faire. C’était une chouette opportunité pour lui, et il l’a prise".

Mais pourquoi n’est-il que 338e mondial, alors qu’on le voit si bien jouer au tennis ? David Goffin a la réponse. "Tout le monde joue bien. Il ne manque pas grand-chose. Parfois c’est dans la tête, parfois c’est le physique, l’enchaînement de matches, un petit peu de chance. Il est au-delà de la 300e place mondiale, mais là il va déjà rentrer dans les 300. Et parfois, cela peut être un déclic. Une carrière commence souvent sur un déclic et une prise de conscience. J’espère que là, il va se rendre compte qu’il peut aller plus haut et qu’il peut vraiment embêter des joueurs qui sont bien mieux classés que lui. On verra bien. Après, c’est long, il faut chaque fois repartir au combat. C’est dur physiquement, c’est dur mentalement. Et même s’il réussit une belle semaine, et qu’il est content de lui, il faut recommencer la semaine prochaine dans un autre tournoi. Et c’est toutes les semaines comme ça".

Au moins, Gauthier Onclin jouera ses prochains tournois avec la satisfaction du devoir accompli à Louvain-la-Neuve, et la fierté d’avoir beaucoup progressé au classement. Lundi, il ne sera plus 338e mondial. Il aura gagné plus de 70 places. Ce qui lui permettra de jouer des tournois plus importants. "Je vais beaucoup moins regarder les tableaux des Futures, et beaucoup plus me tourner vers les Challengers".

Les Challengers constituent une sorte de deuxième division du tennis, en dessous des tournois ATP "traditionnels". Gauthier Onclin n’avait figuré qu’une seule fois dans le tableau final d’un Challenger, avant le BW Open. Cela doit maintenant devenir son quotidien. Avant d’envisager de monter encore d’un cran.

Avec son nouveau classement, il n’est plus très loin des qualifications des tournois du Grands Chelems. Il peut même peut-être déjà en rêver.

Steve Darcis en fait un objectif très prochain. "Le but, c’est de continuer à faire pas mal de qualifs de Challengers, pour rester dans une bonne dynamique. Et on avait prévu cela avant le tournoi. J’espère qu’il va prendre conscience de son niveau et que cela ne va pas être un coup dans l’eau. Je pense que c’est un bon signal pour lui, un bon signal pour nous, et que cela va le mettre en confiance. Il est obligé de se fixer des objectifs et de les atteindre, s’il veut continuer à être aidé par la Fédération. Cela met un peu de pression, c’est clair. Nous, on se fixe plus des objectifs à court terme, comme les qualifs de Roland-Garros. Ce ne sont pas tellement des chiffres, ce sont des rendez-vous. Et c’est mieux pour les jeunes joueurs".

Steve Darcis connaît Gauthier depuis toujours. Il a d’abord côtoyé son frère, Julien Onclin, à l’AFT. Ce frère qui, un jour, est venu annoncer fièrement qu’un bébé allait venir agrandir la famille.  Gauthier... Ce frère qui a joué au tennis et qui a été une inspiration. Ce frère dont il a suivi les traces. Ce frère qui a le même âge que Steve Darcis. "Julien a fait toutes ses classes à la Fédé, et on était ensemble à Mons. Des années plus tard, il y travaille toujours. Il était avec moi jusqu’à l’année dernière, auprès des pros. Maintenant, il travaille au tennis-études. C’est un super-entraîneur et un super-gars. C’est sûr que voir son frère qui joue bien, qui fait des tournois juniors, cela a aidé Gauthier".

Gauthier a suivi la même voie que Julien, le fameux tennis-études de Mons. Et maintenant, il dépasse son aîné, qui n’a pas poursuivi sa carrière de joueur professionnel.