Budget: la réalité des chiffres, la fantaisie des calculs

Philippe Walkowiak

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Par Philippe Walkowiak

Les chiffres ne sont décidément pas le fort de l’équipe fédérale!

On ne reviendra pas sur les mécomptes de la ministre de la Mobilité sur le budget de la SNCB ou des déclarations matamoresques du Premier ministre à propos des efforts budgétaires que la Wallonie ne voulait pas faire, les masques tombent! , proclamait Charles Michel… avant de reconnaître penaud quelques mois plus tard que ses chiffres étaient faux

Principe de réalité

Lors de son installation en 2014, le nouveau gouvernement a annoncé qu’il faudrait réaliser 11 milliards d’économies d’ici 2018 pour retrouver l’équilibre ; un paille par rapport au gouvernement Di Rupo qui aura imposé le double de restrictions en deux ans et demi seulement. Au Parti Socialiste, on n’insiste plus guère sur cette période.

Le gouvernement Michel aura dû à chaque exercice budgétaire revoir ses premiers chiffres, généralement trop optimistes; il est désormais question de deux milliards supplémentaires à trouver pour que le budget 2016 reste dans les clous initiaux. C’est beaucoup pour un ajustement de printemps mais pas insurmontable.

Il n’en reste pas moins que ce dérapage imprévu était surtout très…prévisible! La réalité finit toujours par s’imposer.

Optimisme béat

Le nouveau trou serait dû cette fois à une mauvaise estimation des rentrées fiscales, que le ministre des Finances Johan Van Overtveldt (N-VA) impute sans scrupule à sa seule administration. Encore une erreur de chiffres comme également un nouveau calcul de la part des régions dans l’IPP (Impôt des Personnes Physiques) qui fait gagner à celles-ci… 500 millions €, autant que le fédéral doit trouver.

Pourtant, la Cour des Comptes avait étrillé fin novembre dernier, l’épure budgétaire fédérale. Dans l’opposition, on estimait alors que le trou 2016 se situerait aux alentours de… deux milliards, la ministre du Budget Sophie Wilmès estimait tout cela très exagéré. On sait ce qu’il en est advenu.

De même, la Cour doute de ce que la taxe Caïman, sur l’évasion fiscale, pourrait effectivement rapporter et s’interroge, comme la plupart des observateurs, sur ce à quoi peut bien porter ce redesign de l’administration qui doit rapporter 750 millions €.

Le financement du tax-shift reste lui aussi un mystère, il manquerait toujours plus de trois milliards pour le financer d’ici 2019, plus de la moitié du financement de la mesure !

A cela, il conviendrait également y ajouter le financement complémentaire du RER, lui aussi promis mais pas budgété et ce que coûtent le renforcement des dispositifs policiers/militaires et l’arrivée des réfugiés.

Le gouvernement Michel entend faire preuve de volontarisme, mais cela tourne parfois à l’embellissement forcé des chiffres, à un optimisme forcené que la réalité et les institutions qui savent compter, finissent par rattraper.

Le gouvernement fédéral compte beaucoup sur l’effet retour de ses mesures budgétaires… attention plutôt à l’effet retour façon boomerang au visage!

 

@PhWalkowiak

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