La précarité n’a pas choisi son camp, elle touche autant les hommes que les femmes. Mais elle pousse peut-être moins ces dernières à la rue. Pourquoi ? Et bien d’abord, parce que les femmes en difficulté hésitent moins à demander de l’aide dans leur entourage. Marjorie Lelubre, chercheuse des facultés Saint-Louis, a publié une étude à ce propos. Elle explique: "les hommes ont plus de difficultés à faire appel au cercle familial ou amical parce que, au niveau de l’estime de soi, reconnaitre le fait qu’on est dans une situation difficile, ça peut se révéler plus complexe pour un homme que pour une femme. Et puis surtout, je pense qu’il y a beaucoup de femmes sans-abri qui sont mères de famille. Elles ont aussi la crainte que leur enfant soit placé, si jamais elles font appel à une structure sociale ou si elles mettent en avant leurs difficultés."
Mais si elles sont moins nombreuses, c'est aussi parce qu'elles sont moins visibles et donc plus difficiles à comptabiliser. "Il y a une adoption de vêtements masculins et puis, il y a vraiment une volonté d’être discrète. Je pense que du coup, elles reportent leur appel aux structures sociales là où un homme y va plus facilement. Les femmes peuvent se sentir moins en sécurité et donc hésiter davantage à y faire appel."
Cela dit, quand c'est le cas, l'organisation de ces structures sociales fait en sorte que les femmes sont prioritairement dirigées vers des centres d'hébergement à long terme comme les maisons d'accueil. Autrement dit, elles sont plus souvent sans logement personnel que sans-abri.
Marjorie Lelubre, vient de publier une étude sur la féminisation du sans-abrisme bruxellois dans la revue Brussels Studies. Vous pouvez la lire en ligne sur le www. Brusselsstudies.be
Pierre Vandenbulcke